De l'horreur du positivisme et de l'alliance nécessaire théologie/métaphysique.

Je suis bien d'accord avec ton constat, je veux dire avec l'énoncé du problème relatif au positivisme tout du moins, car l’œuvre de destruction, par l'écriture et la pensée cette fois, de Comte est bien l'héritière de la table rase de la Révolution, et à partir de là, il est bien évident qu'il lui fallait un homme neuf, débarrassé autant de son âme que de son histoire. Ainsi, l'individu comme la société sont des parchemins vierges idéaux pour tous les ambitieux et les arrivistes, tels que l'on en trouve à foison dans le XIXe siècle bourgeois dépeint notamment sous la plume d'Honoré de Balzac.

Quant à la conclusion que tu proposes, c'est déjà un peu plus compliqué (pour moi en tout cas !), car je ne sais pas bien qui tu nommes précisément thomistes et kantiens ni à quels combats, à l'initiative des premiers d'après toi, tu fais référence, étant donné que je ne vois justement plus que des positivistes dans les cercles politiques ayant une quelconque influence dans le monde contemporain. Si c'est pour renouveler le débat entre religion et philosophie, ce ne sera pas aisé non plus. A moins que ce ne soit une référence à tes discussions assez âpres avec Lulo d'il y a quelques années, lui dans le rôle du thomiste et toi du kantien, qui avaient contribué parmi d'autres facteurs à ma longue pause du forum.

Parce que ce sont des débats qui n'ont pas de solution, pas du point de vue de la monarchie capétienne traditionnelle. La philosophie présente des apports intéressants à partir du moment où elle ne place pas Dieu comme une hypothèse, ce qui est malheureusement presque toujours le cas au mieux - si c'était juste une question de méthodologie, cela serait bien. Pour ce que j'ai lu partiellement de Thomas d'Aquin, la Somme contre les gentils (Summa contra gentiles), c'est à la fois une œuvre de philosophie et de théologie, qui prend en compte la pensée de son temps (forcément, il est loin d'être le contemporain de Kant...), la philosophie antique (en premier lieu Aristote), et les théologies d'autres religions (judaïsme, islam, mais le paganisme est aussi réfuté), mais c'est orienté vers Dieu. Dans la perspective légitimiste où le roi est sacré, la civilisation française repose nécessairement sur la certitude de Dieu. Avec cette distinction du temporel et du spirituel qui nous est propre, mais la logique veut que si le sacre est un rite perçu comme civil plutôt que religieux, il devient désuet et c'est l'orléanisme qui triomphe, l'enfant bâtard des Lumières et de la tradition, au même titre que le bonapartisme d'ailleurs (avec le sacre utilitaire de Napoléon).

Bref, c'est une simple ébauche de point de vue, je ne vais pas plus avant sans savoir ce que tu entends par thomistes et kantiens, sachant que de toute façon... j'ai bien peur, et je suis bien désolé de devoir le constater, que ce ne soit un peu comme les querelles byzantines et discuter du sexe des anges : nous ne pesons plus rien, et même les catholiques, du moins la hiérarchie actuelle, ont renoncé à l'héritage de saint Thomas d'Aquin, et bien d'autres comme saint Augustin, dès lors qu'il faut mêler théologie et politique. Tous les apôtres du doute ont un boulevard devant eux, pour notre malheur.