A propos de la difficulté - parfois - d'être chrétien

Je vous remercie pour ce sujet concis mais intéressant, qui aurait pu trouver sa place aussi bien dans la rubrique historique, que religieuse et morale, ou littéraire à la rigueur, ce qui fait qu'il s'intègre sans doute très bien du côté de la 'civilisation française'...!

En jetant un œil à sa biographie esquissée sur Wikipédia, je me suis dit que ce Louis-Michel Lepeletier (de Saint-Fargeau) a effectivement connu une trajectoire et une fin particulières, puisqu'il semble avoir présenté en 1791 un projet de loi contre la peine de mort, dont on ne retiendra que l'interdiction de la torture, et la décapitation comme seul mode d'exécution. C'est ainsi que la décapitation ultime et sacrilège que fut celle du roi Louis XVI, causera indirectement l'acte de vengeance contre cet homme qui aura voté en pratique une peine de mort qu'il comptait faire interdire en théorie à la base... Je lis aussi que cet homme aurait contribué à normaliser le blasphème, l'homosexualité, l'inceste, en tout cas à ne plus rendre hors-la-loi des pratiques déconsidérées par les "superstitions moyenâgeuses." Bref, il a donc été directement inhumé au Panthéon.

Je vous avoue que pour ma part, j'ai du mal à trouver la moindre envie de prier pour ce genre de personnage, je pense que Dieu a disposé de son sort et cela me suffit, ou bien alors je me contenterai d'une prière générale pour tous les pécheurs. Parfois, je me dis aussi que l'on a tendance à minorer la nature du péché mortel, surtout à notre époque, ou la simple réalité de l'enfer. Nous avons tous pu y songer avec le rappel de l'attaque terroriste du Bataclan ces derniers temps, et le témoignage de ceux qui ont perdu des êtres chers.

Je pense que l'on peut aussi publier les derniers mots retrouvés sur l'ancien garde royal Philippe Nicolas Marie de Pâris, du moins tels qu'on peut les lire sur sa page Wikipédia :

Mon brevet d'honneur

Qu'on n'inquiète personne ; personne n'a été mon complice dans la mort heureuse du scélérat Saint-Fargeau. Si je ne l'eusse pas rencontré sous ma main, je faisais une plus belle action ; je purgeais la France du régicide, du patricide, du parricide d'Orléans. Qu'on n'inquiète personne. Tous les Français sont des lâches auxquels je dis :

   Peuple dont les forfaits jettent partout l'effroi
   Avec calme et plaisir j'abandonne la vie
   Ce n'est que par la mort qu'on peut fuir l'infamie
   Qu'imprima sur nos fronts le sang de notre roi.
   Signé de Pâris l'aîné, garde du Roi assassiné par les Français.

Mots terribles qui font penser que l'on aurait sans doute eu au moins autant besoin de gens d'honneur dans la noblesse, que de prières pour contrer la contagion révolutionnaire, ce qui n'enlève rien à la grandeur de la miséricorde. Mais enfin, ce ne fut pas l'un des moindres génies du catholicisme du Moyen-âge que de proposer à la fois des ordres chrétiens de chevaliers et de moines savants ou mendiants.
Dans le même temps, je ne puis m'empêcher d'admirer ce poème que j'avais déjà cité ici, "Le dernier acte de Bonchamps" (cliquer ici), il est donc toujours bon de distinguer entre le concept de guerre juste et des actes de vengeance qui sont, eux, avilissants et déshonorants. Même si je peux concevoir le désespoir de ce garde royal, qui se sentait de trop dans un monde qui n'était plus le sien.


D'ailleurs, pour finir sur l'aspect littéraire de ce message, quelqu'un a-t-il déjà lu le roman auquel Beaujeu fait référence ? Je n'ai jamais essayé de lire du Jean d'Ormesson et je me demande si certains de ses ouvrages en valent la peine.