Noël en perspective historique
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Noël en perspective historique
(Lire la suite de l'article ici - Le Figaro)François Walter : «On est passé du Noël chrétien de l'espérance au Noël laïcisé de la nostalgie»
Par Alexis Feertchak Mis à jour le 23/12/2016 à 16:34 Publié le 23/12/2016 à 15:35
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Dans un entretien fleuve, François Walter retrace l'histoire de Noël. De l'Empire romain au Père Noël consumériste promu par Coca Cola, l'historien suisse décrit l'évolution d'une fête qui, malgré son dévoiement marchand, conserve sa magie.
François Walter est un historien suisse, professeur à l'Université de Genève et docteur honoris causa de l'Université Pierre-Mendès-France de Grenoble. Cofondateur des Presses d'histoire suisse, il est l'auteur d'une Histoire de la Suisse parue en cinq tomes de 2009 à 2010. Avec Alain Cabantous, professeur émérite d'Histoire moderne à l'Université Panthéon-Sorbonne, il vient de publier Noël, une si longue histoire... aux éditions Payot.
FIGAROVOX. - Noël a-t-il toujours été une fête chrétienne? Dans quelle mesure est-elle l'héritière d'autres fêtes païennes?
François WALTER. - Cette question est au cœur de notre ouvrage. Avec Alain Cabantous, nous avons remis en cause la thèse classique selon laquelle le christianisme aurait usurpé une fête plus ancienne. On trouve cette idée d'usurpation dans toute l'anthropologie depuis la fin du 19e siècle. Noël serait une contre-fête mise en place par les Chrétiens pour concurrencer la fête païenne. On s'est rendu compte que c'était un peu plus compliqué que cela. Au 4e siècle, il y a eu un choix politique, celui de fixer la date de naissance du Christ au 25 décembre. On trouve ainsi la première mention d'une liturgie de Noël en 336.
Qu'y avait-il alors autour du 25 décembre?
Dans toutes les cultures, le moment du solstice est un moment fort donnant l'occasion de célébrations. C'est indéniable, mais ce qui est important pour notre propos, c'est qu'il n'y a jamais eu une fête unifiée du solstice que Noël aurait remplacée. Il y avait en réalité une multitude de coutumes très localisées qui s'étendaient entre le début du mois de novembre et la mi-janvier. Avec Noël, il y a eu une tendance à reporter sur Noël de nombreux rituels qui existaient auparavant dans des festivités diverses liées à la fécondité et au retour du soleil. Il y a eu ces phénomènes de report et de concentration, mais, au fond, Noël demeure bien originellement une invention de l'Eglise de Rome.
Pourquoi une telle invention?
Dans les premiers siècles du christianisme, on ne s'intéressait pas à la date de naissance du Christ. Mais il se trouve que ça faisait bientôt plus de trois siècles que le Christ était né. Au début, les Chrétiens pensaient que le Christ allait revenir de façon imminente. Ils attendaient son retour, mais sans perspective historique. Au 4e siècle, on se dit qu'il serait bénéfique d'inscrire le christianisme dans la durée. L'invention de Noël participe de ce changement de mentalité. Il y a d'autres raisons plus pratiques. Dans la liturgie, il manquait une célébration l'hiver. On avait Pâques au printemps et la Pentecôte au début de l'été. Peut-être par analogie avec le calendrier des fêtes juives, il fallait avoir trois ou quatre grandes fêtes dans l'année.
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