L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
5 participants
Page 1 sur 1
L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
J'ai retrouvé un manuel scolaire d'Histoire datant de 1904, c'est à dire du plus fort de la IIIème République. Plus le mensonge est gros, mieux il passe.
Dès la préface, ça commence très fort : Considérant enfin que l'histoire-registre des rois et des cours, des batailles et des traités, des généalogies et des dates, n'est pas la véritable histoire parce qu'elle oublie totalement la plus grande partie de l'humanité, le peuple qui travaille et qui souffre, nous avons préféré nous intéresser aux masses sans noms plutôt qu'aux acteurs en vue. D'un côté, nous avons essayé de montrer les efforts des opprimés pour améliorer leur sort, et de l'autre les efforts de leurs oppresseurs pour les maintenir sous le joug.
Vous l'avez compris, on n'est pas là pour enseigner l'Histoire, mais pour tenir un discours idéologique.
Une vingtaine de leçons, soit les deux tiers du manuel, est ensuite consacrée à brosser un tableau misérabiliste de la France sous les treize siècles de Monarchie. La religion catholique est décrite comme une espèce de superstition exotique, aussi éloignée de nous que peut l'être la religion disparue des Aztèques, et au nom de laquelle bien sûr des prêtres escrocs ont spolié le peuple. Un exemple de ce ton très détaché : la messe est la cérémonie principale du catholicisme; dans cette cérémonie, le prêtre boit du vin et mange du pain après avoir prononcé certaines paroles. Les prêtres prétendent que le pain et le vin changent alors subitement de nature : ils disent que le pain devient réellement le corps de Jésus-Christ, et que le vin devient réellement son sang. Hmm...ils sont fous, ces catholiques!
Les Rois n'étaient, on s'en doute, que des tyrans sanguinaires affamant le peuple et occupant la France de manière totalement illégitime (puisqu'ils descendaient des sauvages barbares Francs qui avaient massacré les bons Gallo-Romains éclairés). De temps en temps, cela dit, le rédacteur du manuel a pris des risques : Malgré les souffrances que les Rois absolus ont fait endurer au peuple, on doit reconnaître qu'ils ont rendus quelques services, avoue-t-il à un moment donné. Incroyable, vous êtes sûr?
Quant aux paysans, le manuel explique le plus sérieusement du monde qu'ils en étaient quotidiennement réduits à manger des limaces et même des chiens crevés. Vous remarquerez que tout est bon pour frapper l'imagination des enfants.
Je vous fais grâce également d'une pathétique héroïsation d'Etienne Marcel. Le manuel se garde évidemment bien d'expliquer que le dit Etienne Marcel était prêt à ouvrir toute grande les portes de Paris à l'ennemi anglais. Pour des gens ayant à coeur de dénoncer la correspondance de Marie-Antoinette avec les Autrichiens sous la révolution, ne pas rappeler ce point de détail est une curieuse omission.
Heureusement, après tant de massacres, de misères, d'abus en tout genre, 1789 arrive. Louis XVI n'est pas content :
Le Roi Louis XVI et les seigneurs de sa cour voulaient dissoudre l'Assemblée nationale constituante c'est à dire empêcher les députés de faire des réformes en les renvoyant chez eux et en emprisonnant les plus courageux d'entre eux. Les bourgeois et les ouvriers parisiens se doutèrent de l'intention du Roi, et ils s'apprêtèrent à défendre les députés.
Pour vaincre le peuple, le Roi fit venir entre Versailles et Paris des soldats allemands.
Le 12 juillet 1789, un jeune écrivain appelé Camille Desmoulins expliqua sur une lace publique où il y avait une foule de Parisiens que ces soldats étrangers étaient venus faire une nouvelle Saint Barthélémy, c'est à dire massacrer les défenseurs des députés.
Alors les Parisiens se rassemblèrent et cherchèrent les armes.
Chose très étrange : à la fin du manuel, afin que les futurs électeurs ne se trompent pas de bulletin, nous avons droit à une présentation rapide de tous les partis politiques français en 1904; on est alors ravi d'apprendre que le parti royaliste est celui des ducs, des barons et des marquis qui comptent sur l'Eglise pour prêcher la résignation aux pauvres et sur l'armée pour défendre les riches contre les grévistes et es émeutes populaires. Les autres partis sont succintement présentés, mais le parti socialiste, lui, a droit à une revue complète et détaillée de son programme, qui occupe plus de la moitié du chapitre. Vraiment très étrange.....
Dès la préface, ça commence très fort : Considérant enfin que l'histoire-registre des rois et des cours, des batailles et des traités, des généalogies et des dates, n'est pas la véritable histoire parce qu'elle oublie totalement la plus grande partie de l'humanité, le peuple qui travaille et qui souffre, nous avons préféré nous intéresser aux masses sans noms plutôt qu'aux acteurs en vue. D'un côté, nous avons essayé de montrer les efforts des opprimés pour améliorer leur sort, et de l'autre les efforts de leurs oppresseurs pour les maintenir sous le joug.
Vous l'avez compris, on n'est pas là pour enseigner l'Histoire, mais pour tenir un discours idéologique.
Une vingtaine de leçons, soit les deux tiers du manuel, est ensuite consacrée à brosser un tableau misérabiliste de la France sous les treize siècles de Monarchie. La religion catholique est décrite comme une espèce de superstition exotique, aussi éloignée de nous que peut l'être la religion disparue des Aztèques, et au nom de laquelle bien sûr des prêtres escrocs ont spolié le peuple. Un exemple de ce ton très détaché : la messe est la cérémonie principale du catholicisme; dans cette cérémonie, le prêtre boit du vin et mange du pain après avoir prononcé certaines paroles. Les prêtres prétendent que le pain et le vin changent alors subitement de nature : ils disent que le pain devient réellement le corps de Jésus-Christ, et que le vin devient réellement son sang. Hmm...ils sont fous, ces catholiques!
Les Rois n'étaient, on s'en doute, que des tyrans sanguinaires affamant le peuple et occupant la France de manière totalement illégitime (puisqu'ils descendaient des sauvages barbares Francs qui avaient massacré les bons Gallo-Romains éclairés). De temps en temps, cela dit, le rédacteur du manuel a pris des risques : Malgré les souffrances que les Rois absolus ont fait endurer au peuple, on doit reconnaître qu'ils ont rendus quelques services, avoue-t-il à un moment donné. Incroyable, vous êtes sûr?
Quant aux paysans, le manuel explique le plus sérieusement du monde qu'ils en étaient quotidiennement réduits à manger des limaces et même des chiens crevés. Vous remarquerez que tout est bon pour frapper l'imagination des enfants.
Je vous fais grâce également d'une pathétique héroïsation d'Etienne Marcel. Le manuel se garde évidemment bien d'expliquer que le dit Etienne Marcel était prêt à ouvrir toute grande les portes de Paris à l'ennemi anglais. Pour des gens ayant à coeur de dénoncer la correspondance de Marie-Antoinette avec les Autrichiens sous la révolution, ne pas rappeler ce point de détail est une curieuse omission.
Heureusement, après tant de massacres, de misères, d'abus en tout genre, 1789 arrive. Louis XVI n'est pas content :
Le Roi Louis XVI et les seigneurs de sa cour voulaient dissoudre l'Assemblée nationale constituante c'est à dire empêcher les députés de faire des réformes en les renvoyant chez eux et en emprisonnant les plus courageux d'entre eux. Les bourgeois et les ouvriers parisiens se doutèrent de l'intention du Roi, et ils s'apprêtèrent à défendre les députés.
Pour vaincre le peuple, le Roi fit venir entre Versailles et Paris des soldats allemands.
Le 12 juillet 1789, un jeune écrivain appelé Camille Desmoulins expliqua sur une lace publique où il y avait une foule de Parisiens que ces soldats étrangers étaient venus faire une nouvelle Saint Barthélémy, c'est à dire massacrer les défenseurs des députés.
Alors les Parisiens se rassemblèrent et cherchèrent les armes.
Chose très étrange : à la fin du manuel, afin que les futurs électeurs ne se trompent pas de bulletin, nous avons droit à une présentation rapide de tous les partis politiques français en 1904; on est alors ravi d'apprendre que le parti royaliste est celui des ducs, des barons et des marquis qui comptent sur l'Eglise pour prêcher la résignation aux pauvres et sur l'armée pour défendre les riches contre les grévistes et es émeutes populaires. Les autres partis sont succintement présentés, mais le parti socialiste, lui, a droit à une revue complète et détaillée de son programme, qui occupe plus de la moitié du chapitre. Vraiment très étrange.....
Petit Normand- Chevalier
-
Nombre de messages : 157
Re: L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
Merci pour le tableau que vous nous avez brossé de ce manuel d'histoire tellement infâme qu'il en deviendrait presque comique en faisant usage d'un certain sens de l'humour noir... Ce sont là des lignes d'anthologie, d'autant plus que je n'avais encore jamais mis le nez dans ce genre de manuel. Le premier extrait me fait penser à l'"histoire sociologique" que certains esprits chagrins opposent encore aujourd'hui à l'histoire officielle des grands et des faits militaires, mais sans la charge idéologique ici utilisée si grossièrement - comme si ces deux histoires n'étaient pas nécessairement complémentaires en fin de compte... Le deuxième extrait est assez terrible au niveau de la mauvaise foi en ce qu'il fait usage du procédé du récit de voyage ou des utopistes pour manifester un feint étonnement à l'encontre de quelque élément que tout le monde connaît pourtant - voir les Lettres persanes pour le plus fameux exemple de ce procédé, même si le sujet du roman n'a évidemment rien à voir - d'autant qu'en 1904 on en n'était pas encore au stade de déchristianisation actuel... Le mythe des rois issus des seuls francs et du peuple gaulois est d'une bêtise savoureuse également, quand on songe au nombre de barbares relativement restreint qui a en définitive envahi la Gaule ; comme si la noblesse était restée purement franque depuis Clovis et que toutes les clauses d'hérédité s'étaient imposées tout de suite ! Et quant au final politique, je crois que je ne saurais dire mieux que les socialistes et gens de gauche ont été les très zélés successeurs de l'enseignement libre pour le malheur de nos ancêtres comme du nôtre.
Re: L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
C'est tout de même grâce à l'école de la république que je suis devenu antirépublicain, lorsque je m'aperçus que tout ce que l'on nous enseignait sur l'Histoire de France n'était pas la vérité.
Dernière édition par Pro Deo Regisque le Lun 24 Mar 2008, 01:48, édité 1 fois
Re: L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
Il m'est arrivé la même chose qu'à vous, Pro Deo Regisque. A ceci près que je ne me suis pas rendu compte du mensonge alors que j'étais assis sur les bancs de l'école. J'étais encore républicain en quittant le lycée; le déclic pour moi a eu lieu lorsque j'ai découvert un récit détaillé du martyre de Louis XVII. Après cela, j'ai vu que pendant des années, on m'avait menti sur tous les autres sujets concernant la révolution et, par extension, concernant la république. Impossible pour moi de cautionner un régime n'xistant que par tant de crimes; impossible de cautionner des gens qui m'avaient pris pour un c.... pendant toute ma scolarité. J'ai alors voulu connaître ce que ces gens avaient détruit, ce qu'ils diabolisent encore aujourd'hui pour ne pas que nous risquions d'y retourner : à savoir la Monarchie Catholique et légitime. Et pour la première fois de ma vie j'ai trouvé l'idéal politique qui défendait toutes les valeurs en lesquelles j'avais toujours cru.
Petit Normand- Chevalier
-
Nombre de messages : 157
Re: L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
Le Jules Ferry qui a pris la scolarité des enfants aux jésuites et autres congrégations! Allez, ajoutez ses compères, Buisson, Steeg, graaands réformateurs de l'éducation nationale ou républicaine! ils étaient protestants et athées, non si je ne m'abuse?
A Dieu soit!
Déserteur
A Dieu soit!
Déserteur
Henryk- Chevalier
-
Nombre de messages : 153
Age : 58
Localisation : Velay
Affinités politiques : Aucune
Re: L'Histoire de France vue par l'école de Jules Ferry
La république n'a rien de naturelle.
Par exemple la "fraternité" républicaine viole la loi fondamentale de la "charité libre et spontanée", elle tue la vraie fraternité chrétienne, partage le monde en deux catégories hostiles et crée donc de la ségrégation
Rendre l'aumône civilement obligatoire, c'est violer une des deux lois fondamentales des sociétés chrétiennes, la charité libre et spontanée; c'est tuer la fraternité en éteignant la tendre compassion au coeur du riche et la reconnaissance au coeur du pauvre; c'est partager le monde en deux catégories hostiles: celle des créanciers et celle des débiteurs.
Par exemple la "fraternité" républicaine viole la loi fondamentale de la "charité libre et spontanée", elle tue la vraie fraternité chrétienne, partage le monde en deux catégories hostiles et crée donc de la ségrégation
Rendre l'aumône civilement obligatoire, c'est violer une des deux lois fondamentales des sociétés chrétiennes, la charité libre et spontanée; c'est tuer la fraternité en éteignant la tendre compassion au coeur du riche et la reconnaissance au coeur du pauvre; c'est partager le monde en deux catégories hostiles: celle des créanciers et celle des débiteurs.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum