Aigreur de l'âge...

Chers amis,

Je vous le confesse, l'âge aidant, je suis de plus en plus intolérant concernant la bêtise moutonnière et bien-pensante de nos contemporains. J'ai été aujourd'hui à deux doigts de me faire exclure d'une liste de généalogie sur Yahoo pour avoir exposé mes mésaventures de cette semaine avec la BNF. Il faut dire que, le site de la BNF à Tolbiac s'appelant "François Mitterrand", j'avais sauté sur l'occasion de rappeler que ce personnage n'était qu'une infâme crapule arriviste... Mes amis, quelle volée de bois vert j'ai reçu à cause de ces quelques lignes... Les injures les plus grossières ont fusé, ainsi que l'inévitable accusation de racisme !!! Voici le texte, moins le passage sur Mitterrand, pour mieux le recentrer sur la BNF:

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Deux mots sur la Bibliothèque Nationale De France

Il vient toujours un moment dans les recherches où, devant la raréfaction des informations et des sources, on est obligé de faire feu de tout bois. La Bibliothèque Nationale de France aime à se présenter comme "une bibliothèque de dernier recours"; Jusqu'à cette semaine, je n'avais pas idée de la justesse de cette désignation, tant il faut être réellement désespéré et avoir à perdre son temps et son argent pour s'adresser à cet établissement public. Mais maintenant, oh maintenant, si, je sais !

Voilà donc l'histoire: Ayant découvert que bon nombres d'ouvrages dont j'avais besoin se trouvaient à la BNF et nulle part ailleurs, je me suis rendu le 25 Mars 2008 sur le site de Tolbiac afin de me faire faire une carte d'accès. Ce fut là le commencement de mes ennuis et de mes désillusions. Mais n'anticipons pas.

Vous connaissez le site de Tolbiac, qui porte le nom d'un ancien Président de la République Française [...]

Donc, je me rends sur le site de Tolbiac, celui qui est constitué de quatre tours informes censées symboliser les pages ouvertes d'un livre (Débilité, quand tu nous tiens !!!) et totalement en verre (ce qui est, paraît-il, excellent pour la conservation des livres) qui plus est dispersées au quatre coins d'une plateforme lugubre et battue par les vents. Quelle merveille, décidément ! Quel architecte génial que ce crétin qui a froidement décidé de placer le site sur cette haute plateforme accessible seulement par des marches archi-raides, étroites et glissantes (un symbole de l'accès à la culture suivant "la gôche", certainement...). Après avoir escaladé ce casse-gueule, je me fais donc accueillir, comme il sied à tout visiteur, par les rafales de vent glacé qui s'y donnent libre cours, et je me dirige vers l'Entrée Ouest, la plus proche.

Je passe sur le fait que je suis obligé pour cela d'emprunter un trottoir roulant, baptisé "travelator" par la pancarte qui le signale (Eh oui, dans ce haut lieu de la culture française, on ne connaît visiblement pas les mots français...). Or, figurez-vous que ce "travelator" descend (c'était bien la peine de monter toutes ces foutues marches... Quand je vous disais que ce crétin d'architecte était génial... C'est à des détails comme ceux-là que se reconnaît le génie conceptuel, de nos jours). Je passe également sur l'étroitesse de ce "travelator", cause qu'on s'y fait bousculer par tous les petits cons mal éduqués (des "djeunes", quoi) qui veulent arriver avant vous dans le seul but de remplir avec le souvenir de leur prouesse le vide interstellaire de leur boîte crânienne.

L'accès à l'intérieur des locaux se fait par une porte à tambour. Bien entendu, elle est si lourde qu'elle en paraît coincée. Pour faciliter les choses, elle sert également de sortie: mieux vaut alors être en parfaite synchronisation avec le flot des sortants, aux heures de pointe... Décidément, à la BNF on soigne les détails de la convivialité...

Enfin, j'accède aux caisses. Quelle surprise ! Elles sont fermées et une affichette renvoie les visiteurs... à l'entrée Est! Péniblement, je ressors à l'air libre et arpente la plateforme sous le vent pour tout recommencer, mais deux cents mètres plus loin (au moins) à l'entrée Est... (Plus tard, j'ai compris que j'aurais pu y arriver par l'intérieur, mais comme rien n'est expliqué...)

Donc, dix minutes après, j'arrive enfin aux Caisses Est, où je distrais une dame en train de lire négligeamment le journal, et qui consent à me vendre un accès annuel en "Bibliothèque d'étude" pour le prix exorbitant de 35 Euros... Ben oui, vous ne saviez pas qu'on fait tout pour favoriser l'accès à la culture dans ce pays ? Ah, pour abrutir des gens avec du "rap", du "harem-bi" et d'autres insanités, il n'y a pas de problème, c'est gratuit, ça passe librement à la télévision, c'est acheminé chez vous sans entraves!

C'est beau, décidément, l'effort des Etablissements Publics de l'Etat pour la culture... Enfin, on me remet alors quelques dépliants incompréhensibles. Impossible de comprendre où je dois me rendre pour avoir accès aux ouvrages dont j'ai relevé les cotes. Sans compter qu'appeler les niveaux "Premier Etage" ou "Sous-sol" a été jugé ringard par le génial crétin d'achitecte à la mode, qui a préféré des désignations obscures comme "Haut de Jardin","Rez de Jardin", etc... Pourquoi pas "Douve des cons qui se font pièger par la BNF", pendant qu'on y était ? Cela aurait certainement été plus approprié. Enfin, je me décide pour une salle "généraliste" et entame une marche à pied de plus pour la rejoindre. En chemin, je croise des bornes informatiques qui incitent à réserver des places. Mais pourquoi faire ? Rien dans les dépliants à ce sujet. Finalement, j'arrive à la salle.

Un mot à l'entrée indique qu'il n'y a plus de places de libres. Cependant, des gens entrent, en passant leur carte sur une borne d'entrée, qui les laisse y pénétrer. Je décide alors de faire comme eux. et m'installe à une place vide.

Je m'attendais à un système analogue à celui des archives départementales, où l'on peut commander les ouvrages dont on a la référence et les consulter à sa place avant de les restituer. Ce serait évidemment trop simple ! Pas l'ombre d'un dispositif de commande. Je fais le tour de la salle: les rayons sont de simples index bibliographiques. Désemparé, je m'adresse alors à un bibliothécaire.

Là, je dois dire, que le type a été très bien. C'est sans doute comme cela dans de nombreuses autres administrations: dans un décor grotesque et absurde où pontifient de grands chefs aussi incultes qu'arrivistes, ce sont seuls d'humbles sous-fifres qui détiennent la compétence... Il m'a expliqué les ficelles de la maison, d'où il résultait que les volumes dont j'avais besoin n'étaient accessibles que par la "bibliothèque de recherche", qui suppose un tarif supérieur, et une habilitation supplémentaire n'étant accordée par dessus le marché qu'après un entretien discrétionnaire censé juger du sérieux du demandeur.

Evidemment, comme j'ai déjà perdu pas mal de temps, je ne suis pas ravi. Je décide d'aller glaner quelques informations dans une des rares salles qui me sont autorisées. Mais je suis maudit ! D'abord, à la sortie de la salle, je fais sonner l'alarme. Pourquoi ? On ne le saura jamais: plusieurs passages et repassages dans le portique le laisseront de marbre... S'il se déclenche autant de fausses alarmes qu'il en est passé de vraies à l'as, j'imagine que la bibliothèque "aux douze millions de volumes", il n'en restera pas grand chose dans quelques temps... Enfin bon... pour en revenir à ma salle de destination, elle est située, elle et elle seule, à un niveau dit "intermédiaire"... Je comprends tout de suite qu'il ne va pas être simple de m'y rendre. Je ne suis pas déçu...

Après avoir cheminé un peu, une fois de plus, je trouve l'ascenseur adéquat. Devant lui, une borne. Je présente ma carte. Réponse "Espace saturé!" Clair comme message, non ?

J'en déduis sur le champ (mais à tort, comme on le verra) que la salle doit être pleine. Patiemment, j'attends que des personnes sortent de l'ascenseur, signe qu'elles ont libéré leur place. Après dix minutes d'attente, et trois personnes, je retente l'expérience... "Espace saturé". Rien à faire. Passe devant moi quelqu'un qui s'engouffre dans l'ascenseur dans s'occuper de la borne (Plus tard, j'apprendrai par un gardien que c'est une borne "qui sert à annuler une sortie temporaire préalablement enregistrée à la sortie de la salle, c'est à dire à la transformer en sortie définitive" (sic)).

J'entre donc dans l'ascenseur. Naturellement, les niveaux sont repérés par des lettres codées de façon totalement ésotérique. Une bonne âme a cependant décidé de faire rajouter en face d'un bouton une plaque métallique portant en clair la mention "Salle J", ce qui est quand même bien plus parlant.

Dans la salle elle-même, tout s'est passé au mieux. C'est au moment de sortir que tout s'est gâté; en fait très exactement lorsque j'ai décidé de suivre l'indication "Sortie": je me suis retrouvé dans un espace réduit, ne donnant accès qu'à un ascenseur lui-même condamné à errer entre deux sous-niveaux de la salle du niveau "intermédiaire"... De cet espace vitré je pouvais voir le hall et la sortie, mais il était impossible de m'y rendre ! Il fallut donc que je revienne dans la salle, et demande mon chemin à un bibliothécaire: c'était évidemment celui opposé à l'indication "Sortie", celui sans indication du tout.

Je n'en suis malheureusement pas resté là: comme les documents que j'avais à consulter, et qui nécessitaient une accréditation particulière à Tolbiac étaient marqués au catalogue comme en Libre-accès sur le site de Richelieu, je me suis rendu sur ce site l'après-midi du 27 mars 2007.

J'étais censé me rendre en "salle de références"... Vous avouerais-je que ne fus nullement surpris de voir sur les portes de cette salle la mention "Interdit au Public" ? Aussi surpris que de voir des gens les pousser sans s'en préoccuper (la force de l'habitude...), et je les imitai. Il semble qu'à la BNF, quel que soit le site, ce soit en fait normal que tout fonctionne à rebours de ce qui est censé être.

Je m'attendais donc aussi à ce qui arriva: le fait que bien que les documents fussent marqués "en libre-accès" sur le catalogue, ma carte ne me donnait pas le droit de pénétrer dans la salle où ils se trouvaient. Si si, c'est la gardienne de la salle, à la physionomie aussi inexpressive qu'une carpe en gelée, qui me le confirma. Je tentai maladroitement d'appuyer avec ironie sur l'absurdité de la situation due au mensonge éhonté du catalogue:

-"En somme, c'est en libre accès pour ceux qui ont le droit d'accès ?" fis-je, doucereux, à la gardienne.
-"Ben oui" (regard inexpressif et crétin d'icelle)
Il n'y avait donc rien à tirer d'un être aussi dépourvu d'intelligence, même la plus reptilienne, et je pliai bagage. Je vous le dis: la BNF, elle n'est pas prête de me revoir.

Après deux après-midi dont je n'ai finalement pas pu faire grand chose, j'estime que j'ai perdu assez de temps et d'argent pour aller consulter ces fichus bouquins que la BNF n'est même pas foutue de mettre à la disposition du public (Au fait, je croyais que c'était là une de ses missions ?)

Evidemment, je pourrais me faire accréditer: après tout, c'est vrai, j'ai du temps à perdre à monter des dossiers et préparer des entretiens; je n'ai même que ça à faire ! Eh bien non, faire le chien savant pour obtenir le susucre, désolé, mais j'ai passé l'âge; je préfère attendre que ces feignasses de la BNF aient enfin numérisé leurs fonds (C'est pas une autre de ses missions, ça ?) pour les consulter de chez moi; c'est pour ça que j'aime les machines: ça élimine tous les crétins intermédiaires.

Ah oui au fait: la BNF ? Une Belle Nullité Française !!!

Eh bien, que de mésaventures !

Je me suis souvent lamenté en mon for intérieur, comme vous, du nouvel aspect des bibliothèques -ah, pardon, il ne faut plus dire "bibliothèque", mais "médiathèque" !

A l'époque où j'étais étudiant en Histoire, je m'étais intéressé au concours des bibliothèques, et j'avais même assisté à un cours de préparation au dit concours. J'avais été affligé par les épreuves exigées des élèves, dont je ne voyais qu'un rapport très lointain avec le quotidien de la profession. Les critères de jugement me paraissaient vraiment n'être d'aucune utilité pour exercer ce métier. L'un des exercices consistait justement en une véritable propagande à la gloire de ce modernisme exaspérant qui a défiguré nos bibliothèques. Il fallait écrire une synthèse d'un ensemble de textes magnifiant et exaltant ces mochetés de béton et de verre à l'intérieur froid et aseptisé et à l'éclairage agressif, dans laquelle on entend nous faire profiter des charmes de la lecture. On nous demandait également, pour réussir le concours, d'être capables de citer tous les noms des architectes responsables de ces horreurs dans chaque ville de France et de Navarre -puisqu'en France, évidemment, vous ne trouvez plus une seule bibliothèque "à l'ancienne".

Pour ne trouver aucun charme à nos modernes médiathèques, il fallait vraiment que je sois un désaxé poussiéreux et un sociopathe moyenâgeux, qui en l'occurence méritait bien les regards condescendants des autres étudiants lorsque j'exprimais mes regrets devant le fantastique travail des "architectes à la mode". Pendant que l'on nous assommait de recommandations formelles nous incitant vivement à acclamer l'architecture dépouillée -mais tellement plus ergonomique, tellement plus aérée, tellement plus accueillante, tellement plus lumineuse- de nos médiathèques, moi, dans mon coin, rêveur, je repensais au voyage linguistique en Irlande que j'avais fait à l'âge de quatorze ans. Le plus beau souvenir de ce voyage avait été la visite de la bibliothèque universitaire du Trinity College à Dublin. En y pénétrant, j'avais été cloué sur place, émerveillé par cette gigantesque salle d'architecture toute médiévale, baignant dans une douce lumière tamisée, sentant bon le bois et le papier, magnifiquement décorée et impregnée de ce même genre d'atmosphère sacrée, et en même temps si porpice à la réflexion, que l'on ressent en s'avançant dans la nef d'une cathédrale. Je promenais mes yeux le long des rayonnages, sur les reliures des livres et sur les vitrines derrière lesquelles j'admirais des manuscrits enluminés du Xème siècle. Mon Dieu, quel endroit magnifique que cette salle (si vous n'y êtes pas allé, vous pouver la voir dans une scène du film Michael Collins avec Liam Neeson) !
Cela me brise le coeur que de penser que de telles choses, en France, n'existent plus pour avoir été remplacées par ces horreurs de béton adulées de la même manière que les colonnes de Buren par la clique gauchiste. Mais je ne suis pas un être normal pour penser des choses pareilles. Je dois être un affreux obscurantiste, qui mérite au moins le camp de rééducation.

Mickaelus a écrit:

. Quant aux épreuves du concours de bibliothécaire qui requièrent de faire l'apologie de cet état d'esprit, c'est franchement pitoyable et honteux. Et moi qui m'étais intéressé un temps à ce métier, je n'ai pas de regret...

Cela ne m'a pas étonné: Sachez que dans les administrations, les promotions et affectations se font désormais de plus en plus par entretiens qui vérifient si le candidat a le bon "état d'esprit". Quel état d'esprit ? Vous le devinez certainement, mais cela va plus loin encore. Par exemple, un concours de poésie dernièrement organisé au sein du Ministère des Finances (sans participation extérieure, donc) avait pour thème explicite de "promouvoir le métissage"...

Mon Dieu !

Mickaël, savez-vous quelles ont été les suites de cette affaire ? Beaucoup d'élèves et de parents ont-il réagi ?

Que de mésaventures au sein de la BNF , cher Minervalis !
En Belgique, nous avons la bibliothèque royale sise à Bruxelles. Elle est communément appelée l'Albertine, du nom du Roi Chevalier.
Il faut un laisser passer spécial pour pouvoir pénétrer dans cette bibliothèque. Les catalogues ne sont pas toujours adéquats et parfois l'attente des documents est bien longue. La connaissance du néerlandais est un atout certain pour la consultation de ces documents.
Enfin, c'est une bibliothèque à découvrir car elle recèle bien des trésors. Elle a tout d'une grande dame.

Voici les adresses de la KBR :

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