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Le principe monarchique expliqué par C.S. Lewis

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Message par Petit Normand Jeu 14 Aoû 2008, 11:46

Vous avez certainement vu ou entendu parler des films adaptés de la saga romanesque Le Monde de Narnia, mais avez-vous déjà lu les livres de son créateur, le romancier irlandais Clive Staples Lewis ? Ce sont en tout sept livres formant une saga, dans laquelle des enfants vivant dans l'Angleterre des années 1940 découvrent des passages secrets vers un monde médiéval fantastique peuplé d'hommes et de créatures étranges, et qu'ils devront sauver des périls qui le menacent.

Ami de Tolkien, l'auteur du Seigneur des Anneaux, et catholique comme lui, C.S. Lewis a su lui aussi créer un univers complexe. Son oeuvre, écrite pour la jeunesse mais tout aussi accessible par les adultes qui en comprendront bien des subtilités, n'est pas seulement une fabuleuse occasion de rêver, de s'émerveiller et de retomber en enfance, mais est aussi une magnifique synthèse du message d'amour et de distinction du Bien et du Mal contenu dans les Evangiles.

C.S. Lewis, qui admire les valeurs de la chevalerie, aborde aussi à plusieurs reprises le sujet de la monarchie. Voici d'ailleurs un extrait édifiant du troisième livre de Narnia, Le Cheval et son écuyer où le principe de l'hérédité dynastique découlant de la monarchie de droit divin apparaît avec clarté comme moyen le plus sage et le plus juste de gouverner :

(le héros de cette histoire est un jeune garçon du nom de Cor qui, élevé dans la misère, découvre qu'il est le fils d'un roi et qu'il a été perdu à l'issue d'un naufrage. A la suite d'un long périple, il retrouve sa famille : son père le roi Lune, et son frère jumeau Corin. L'histoire se conclut par ce dialogue entre le roi et ses deux fils).

A ce moment-là, comme on pouvait s'y attendre, le roi Lune dit qu'il était temps pour les jeunes d'aller au lit.
- Et demain, Cor, ajouta-t-il, vous viendrez visiter tout le château avec moi pour voir le domaine et vous rendre compte de toute sa force comme de sa faiblesse : car il sera sous votre garde quand je ne serai plus là.
- Mais, Père, Corin sera roi à ce moment-là, dit Cor.
- Nenni, mon garçon. Vous êtes mon héritier. La couronne vous revient.
- Mais je n'en veux pas, dit Cor. J'aurais plutôt...
- Il n'est en rien question de votre volonté, Cor, ni de la mienne, d'ailleurs. De par la loi, il en est ainsi.
- Mais si nous sommes jumeaux, nous devons avoir le même âge.
- Nenni, dit le roi en riant. Il faut bien que l'un des deux soit le premier. Vous êtes plus vieux que Corin de vingt bonnes minutes.
- Mais, Père, ne pourriez-vous désigner qui vous voulez pour être le prochain roi ?
- Non, le roi est soumis à la loi, car c'est la loi qui fait le roi. Vous n'avez pas plus le pouvoir de rejeter votre couronne qu'une sentinelle n'a celui d'abandonner son poste.
- Oh ! là, là ! dit Cor. Je ne veux absolument pas. Et, Corin... Je suis terriblement désolé. Je n'aurais jamais imaginé que ma réapparition allait te chiper ta royauté.
- Hourra ! Hourra ! s'exclama Corin. Je ne serai pas roi ! Je ne serai pas roi ! Je serai toujours prince. Tout l'amusement, c'est pour les princes.
- C'est plus vrai encore que votre frère ne le croit, Cor, dit le roi Lune. Car voici ce que ça signifie d'être roi : être le premier pour toute attaque désespérée et le dernier dans toute retraite désespérée, et quand il y a une famine dans le pays (comme il est fatal de temps à autre, les mauvaises années) porter de plus beaux atours et rire plus fort que n'importe quel homme de votre royaume devant un repas plus frugal que celui de n'importe qui."

Très intéressant aussi est ce court dialogue à la fin de Prince Caspian, entre Caspian devenu roi et le lion Aslan :

-"Bienvenue, prince, dit Aslan. Vous sentez-vous capable d'assumer la royauté de Narnia ?
- Je...je ne crois pas, Sire, répondit-il. Je ne suis qu'un enfant.
- Bien, dit Aslan. Si vous vous en étiez senti capable, cela aurait été la preuve que vous ne l'étiez pas...

Et enfin, ce dernier extrait, à la fin du cinquième livre, l'Odyssée du Passeur d'Aurore : parti en exploration jusqu'au bout du monde à bord de son navire, Caspian est saisi de la tentation de se rendre seul à l'autre bout du monde, et de ne jamais revenir en son royaume. Il ordonne à son équipage de rentrer sans lui et d'annoncer à son régent qu'il doit choisir un nouveau roi. Mais l'équipage désobéit fermement à son roi :

-"S'il plaît à Votre Majesté, elle ne doit pas faire ça. Vous êtes le roi de Narnia. Vous manqueriez à votre parole envers tous vos sujets en ne revenant pas. Vous ne devez pas vous permettre des aventures à votre fantaisie, comme si vous étiez une personne privée. Et si Votre Majesté n'entend pas raison, il sera de la plus authentique loyauté pour tous les hommes présents à bord de se joindre à moi pour vous désarmer et vous tenir ligoté jusqu'à ce que vous repreniez vos esprits".

Et évidemment, le roi revient à la raison.

Voilà, on ne peut pas expliquer plus clairement que dans ces extraits le principe de monarchie de droit divin, je crois.

Petit Normand
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Le principe monarchique expliqué par C.S. Lewis Empty Re: Le principe monarchique expliqué par C.S. Lewis

Message par Mickaelus Ven 15 Aoû 2008, 15:34

Merci, Petit Normand, pour ces extraits qui présentent effectivement un intérêt non négligeable de notre point de vue légitimiste ; du moins, ils proposent en quelque sorte une illustration de certaines vérités liées à l'exercice du pouvoir royaliste.

J'apprécie beaucoup les deux premières citations qui dévoilent de manière très naturelle, à travers la réaction des deux princes et celle de Caspian (mais on pourrait aussi en dire autant pour la troisième même si j'en parlerai ensuite dans une autre optique), ce qu'est réellement le pouvoir royal, ce qu'implique son exercice, bien à rebours de l'image déformée et facile qu'en a la plupart de nos contemporains, qui imaginent volontiers le roi comme un sultan tyrannique gorgé d'or et de plaisirs : un fardeau, de la contrainte.

A ce propos, il n'est pas mauvais de rappeler à notre souvenir notre dernier roi de France et de Navarre, Louis XVI (dernier roi de France au plein sens du terme, pleinement responsable et indépendant, quand ses deux frères devront s'accommoder d'une chambre et ne seront plus qu'une image fragilisée des rois d'antan), qui fut certainement l'un de nos souverains a avoir le plus conscience de ce à quoi l'engageait le pouvoir, lui qui n'en éprouvait pas l'attrait et qui, à mon avis, ce serait volontiers adonné à des études paisibles et solitaires (et quand on sait qu'il n'était pas destiné à régner, car son frère aîné, dont le caractère rappelait celui de Louis XIV, est mort en bas âge). En ce sens, il est tout à fait l'image du bon roi qui a une telle conscience de l'ampleur de sa tâche qu'il doute de lui, qu'il la redoute ; mais c'est cette crainte qui illustre parfaitement la compréhension du rôle de monarque, comme le suggère Lewis dans les extraits. Ceux qui aujourd'hui perçoivent le rôle de monarque absolu comme une sinécure sont bien loin du compte. Même en oubliant un instant le fait de décider en arbitre ultime, quoique appuyé par des conseils royaux compétents, il suffit d'imaginer quelle vie laissait à Louis XIV la fameuse étiquette de cour.

Bien éloigné de cette conscience de son rôle et de la pénétration de la grandeur de sa mission dont témoignait Louis XVI, est l'exercice du pouvoir républicain ou bonapartiste qui repose sur l'arrivisme, puisque l'homme qui arrive au sommet de l'Etat désire le pouvoir, et quoiqu'il puisse prétendre vouloir agir pour le bien commun ou l'intérêt général comme on le dit aujourd'hui, toujours il y aura une part d'orgueil en celui qui se dira capable d'assumer le fait d'être l'arbitre suprême de toute une nation. L'hérédité capétienne présentait cet avantage immense de couper court à l'arrivisme et à cet élan d'orgueil, de conquête, de jalousie, de divisions : le pouvoir était un don indiscutable qu'on acceptait avec humilité.

Et cela fait le lien avec la troisième citation proposée par Petit Normand, car si au royaume de France on ne choisit pas qui règne, celui qui règne ne choisit pas non plus de quelle manière il règne, c'est-à-dire que le royalisme français capétien, loin d'être le régime d'un homme ou d'un parti, place la tradition au-dessus de tout. Le roi de France incarne une tradition, place son être de chair et de sang, périssable, dans l'habit d'un roi lieutenant de Dieu immortel dans sa fonction qui se transmet de père en fils ; le roi reçoit un héritage français qu'il devra transmettre intact à son fils aîné et successeur, en l'améliorant si possible, mais toujours en respectant ses valeurs fondamentales les plus sacrées et les plus inébranlables. Ainsi, un roi ne peut "démissionner" comme le voudrait Caspian dans la citation, ni ne fait ce qu'il veut. Louis XIV lui-même, qui à la fin de sa vie, voyant sa famille et ses descendants périr autour de lui, a voulu rendre successible deux bâtards, a vu son testament cassé parce que cela était incompatible avec les règles de succession du royaume de France. Charles X, quand il a abdiqué, n'en avait pas le droit, pas plus qu'aujourd'hui les prétentions orléanistes ne peuvent opposer à Louis Alphonse de Bourbon, duc d'Anjou, un traité d'Utrecht qui n'a aucune valeur à l'encontre des règles de succession françaises. Je pourrais continuer longtemps ainsi, mais vous comprenez le point où je veux en venir : la monarchie capétienne est le meilleur système possible parce qu'il est un régime sanctionné par Dieu, un régime d'ordre, qui favorise une direction humble et où le choix limité au possible doit garantir une stabilité morale à travers les siècles, parce que la définition du Bien ne varie pas. Le roi lui-même, incarnation de ces principes, est alors, justement, peut-être le moins libre de toute la nation. N'est-ce pas un beau sacerdoce tout de même ?
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Message par Mavendorf Sam 16 Aoû 2008, 10:51

Le plus imortant je crois est de reconnaître à la monarchie capétienne en tant que régime sa soumission au moins par principe au Bien, et à un bien LUI MEME INTANGIBLE puisqu'il s'agit de la Vérité de Dieu.
C'est tout... Après on peut dire que c'est insuffisant, que certains roi ne s'y sont pas tenu. Soit. Mais reste que la monarchie se soumet d'elle même à cet impératif de faire le Bien. Qu'être roi lieutenant de Dieu, ce n'est que détenir des pouvoirs en fonction d'une mission, d'un devoir, et que ce devoir est la conformité de l'action politique avec le Bien tel que l'enseigne le christianisme.
C'est l'essence même de la monarchie telle que tout historien des idées politiques ne peut que le constater.
Et on ne peut en dire autant de la Révolution qui, elle, ne se soumet à aucune considération de ce type vu qu'il n'y a RIEN au dessus de "soit disante" la volonté du peuple.
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