Mousquetaire

Bonjour à tous,

C’est toujours un exercice difficile de se présenter, alors pour se faire laissez moi vous conter un petit événement qui m’a beaucoup marqué puisqu’il illustre le malaise qui m’habite depuis longtemps.

Je me souviens, alors que j’étais enfant, de quelque festivité qui avait été organisée par mon école primaire. Si j’ai bonne mémoire ce fut à l’occasion des fêtes de la Saint-Jean, beau prétexte pour allumer un bûcher, vous saurez bien assez tôt pourquoi. (Si le 14 juillet ne tombait pas pendant les vacances scolaires c’est probablement ce jour qui aurait été retenu.)

C’est la fin de l’année scolaire et nos petits doigts confectionnent, pendant les ateliers d’ « art » plastique, des costumes dignes des sans-culottes : bicornes cocardés des trois couleurs, bonnets phrygiens, culottes et vestons en papier crépon. Petit bonus de la procession qui se prépare, des adultes – parents, instituteurs ou employés municipaux, je ne saurais dire – ont réalisé avec du grillage une structure représentant une tête et un cou d’environ 1,50 m de haut. Un peu de papier mâché, de la peinture, du coton pour la perruque et nous avons devant nous, s’il faut en croire les grands, la tête décapitée de Louis XVI. Le jour J arrive, nous enfilons nos costumes, puis direction la place de l’église où nous attend un petit tracteur municipal tirant une remorque sur laquelle est juchée la fameuse tête.

Le cortège s’ébranle, remonte la rue principale, passe devant la mairie, ex Château de Maulny, dont le fronton arbore la devise républicaine et le drapeau tricolore, et la contourne pour rejoindre le parc où un petit bûcher dressé au milieu des chênes centenaires attend une étincelle pour s’enflammer (bon d’accord là je fais une description un peu romancée, disons qu’en réalité un petit espace a été aménagé sur le gazon afin d’y allumer un feu en toute sécurité). La fausse tête est déposée sur le bûcher qu’une main adulte allume. Nous nous tenons à bonne distance, accoutrés tels de parfaits petits révolutionnaires, et observons ébahis l’idole de carton-pâte partir en fumée pour la plus grande gloire de la république.

Ce jour est pour moi un mauvais souvenir. Je ne comprenais pas la joie de mes petits camarades qui ne percevaient pas plus que moi la portée symbolique de cette manifestation, mais qui avaient l’air de bien s’amuser. Mettons cela au crédit du travestissement et du plaisir de défiler sous le soleil au lieu d’être enfermés en classe ; en tout cas cela ne m’a personnellement pas plu, peut-être parce que je sentais bien qu’on voulait nous faire passer un message mais que je ne le saisissais pas. Je ne voyais pas non plus quel plaisir les adultes, sourire aux lèvres, pouvaient tirer de l’incinération de la tête d’un roi (de sa représentation pour être exact). J’ai toujours eu une bonne image de nos rois, les mots des livres d’histoire – de propagande – ne parvenait pas à ternir cette image, mais il ne s’agissait plus ici de mot, on brûlait réellement une chose censée représenter la monarchie et tout le monde trouvait cela normal ; ils semblaient tous si satisfaits. Je me suis senti extérieur à cet événement, j’étais un témoin choqué mais pas un participant. Quelqu’un parviendra-t-il un jour à m’expliquer ce que cet homme, Louis XVI, avait fait pour mériter ça ? C’est la question qui me trottait dans la tête alors que virevoltaient dans le vent les derniers morceaux de papier carbonisés.

Et oui je suis un grand traumatisé ! A part ça j’ai eu une enfance heureuse, ne vous en faites pas.

Bref je ne me suis jamais vraiment senti à l’aise dans la République et j’ai longtemps lancé un œil nostalgique vers le passé, regardant avec fierté et envie ces rois qui ont fait la France. Dans mon enfance je le conçois mes raisons n’étaient pas politiques, j’étais plutôt attiré par le côté guerrier héroïque, par les actes glorieux, par les valeurs chevaleresques.

Chaque fois que je refermais un livre « d’histoire » scolaire, j’avais du mal à imaginer que nos rois aient pu être à ce point tyranniques que le peuple choisisse de renverser la monarchie, alors que j’avais au fond de moi une image d’eux, venue de je ne sais où, bien plus reluisante : un père protecteur, un chef charismatique, bienveillant et inébranlable – figure probablement exagérée mais rassurante. Avec le recul, je me dis que tout comme mes grands-pères et mon père ont veillé et veillent encore sur leur famille, je recherchais quelqu’un pour veiller sur la France ; image que ne me renvoyaient absolument pas les présidents de la merveilleuse république française.

Mon royalisme latent était cependant étouffé sous une épaisse couche de défaitisme. « Les Français sont définitivement républicains, ils sont trop attachés à la république pour envisager un retour à la monarchie», c’est en gros ce que je pensais, ou du moins se qu’on parvenait à me faire penser.

Il a donc fallu que je cherche ma voie dans cette république une, indivisible et malheureusement éternelle. Que faire avec mon catholicisme – aujourd’hui occasionnel mais sincère et d’où je tire nombre des valeurs qui me guident – et mes idées de droite ? Je songe au bonapartisme, je me renseigne, non ça ne va pas. Finalement je franchis le pas, parce qu’un jour il faut bien que ça arrive. Un court passage à l’UMP me laisse un goût amer, je n’y ai pas trouvé ce que je cherchais et à bien y réfléchir aucun autre parti républicain ne me correspondait.

Les phrases préconçues du type « la république démocratique, c’est le meilleur des régimes » ne m’ont jamais vraiment convaincu, et j’ai totalement fini d’y croire le jour où j’ai trouvé la réponse à ma fameuse question (souvenez-vous, celle de mon enfance : qu’a fait Louis XVI pour mériter ça ?). Cette révélation, prise de conscience, réveil de ce qui sommeillait au fond de moi – appelez ça comme vous voudrez – je l’ai eu quand j’ai entendu pour la première fois une sentence qui sonne aujourd’hui pour moi comme une évidence : la république aussi fait usage de propagande. C’est peut-être idiot, mais quand on a compris ça on réfléchit avant de tout gober, on cherche les réponses ailleurs.

Je me tourne alors vers le royalisme, j’aurais peut-être du commencer par là. A ma décharge je le croyais totalement mort en France mis à part dans la tête de quelques rêveurs. Je tombe rapidement sur l’Action Française et sur l’Alliance Royale. Le premier ne me correspond pas, je n’insiste pas. Le second me laisse perplexe, même si certains points de vue convergent avec les miens il reste dans le fond un parti politique. Sans vouloir critiquer, cela ne m’enthousiasme guère de rejoindre un parti royaliste … sans roi. Loin de moi l’idée d’un culte de la personne, c’est bien le principe du roi qui m’attire, mais puisqu’on parle d’un homme pour incarner notre pays pourquoi ne pas le montrer, le soutenir ouvertement ? Je ne m’étalerai pas sur le mode de désignation du roi, c’est un long débat et nous avons tous ici choisi notre loyauté.

Malgré tout je persévère, je découvre sur le forum de l’AR de quoi me familiariser avec le royalisme : débats, liens, conseils de lecture. Mon attachement émotionnel au royalisme se trouve renforcé par une adhésion aux idées politiques, économiques et religieuses qui émergent des têtes pensantes royalistes. Oui nous sommes capables de proposer un projet politique, social et économique concret, original et propre à nos valeurs. Durant mes lectures, je découvre ce que la monarchie française avait d'unique. Je me forge alors une opinion, celle que le combat pour le retour de la monarchie mérite d’être mené derrière l’héritier légitime du trône, Louis Alphonse de Bourbon … je devrais plutôt dire derrière le Roi Louis XX.

Et de sites en blogs, de blogs en fora, je tombe sur « Le Trône et l’Autel » ; il est temps de franchir à nouveau le pas.

Ah oui au fait ! Merci aux courageux qui ont eu la patience de lire cette interminable présentation qui en dit peu sur moi mais beaucoup sur mon cheminement vers le légitimisme, c’est bien là l’essentiel.

Un peu longue mais très belle présentation Mousquetaire! Alors que de nombreux membres "fantômes" passent par ici en ce moment, cela fait plaisir de voir un nouveau venu nous faire une aussi belle présentation.
Votre anecdote d'enfance est touchante et votre parcours m'a un peu fait penser au mien sur certains aspects...
En tous les cas bienvenue sur notre forum légitimiste et au plaisir de vous lire!

Soyez le bienvenue sur le forum cher Monsieur !
C’est toujours avec plaisir et émerveillement que l’on constate l’échec de la république des droits de l’homme sur certaines consciences…
En effet malgré cet impressionnant lavage « de cerveaux », malgré les nombreux efforts déployés par le « système », il subsiste chez nous en France des personnes qui de manière naturelle retrouvent le chemin qui mène au Roy de France.
Votre témoignage, nous montre combien nous sommes sur la bonne voie. Et que c’est à nous donc, que revient à présent l’immense honneur d’éclairer les autres à la lumière de la vérité politique Française.

Bienvenue Mousquetaire,

J'aurais voulu que la lucidité me touchât à l'âge où vous l'avez rencontrée.

Bienvenue, Mousquetaire.

Merci pour cet édifiant témoignage sur l'abrutissement consciencieux des français. L'éveil n'attend pas le nombre des années, et il est venu bien tôt chez vous : La grâce travaillait déjà.

Bienvenue, Mousquetaire!
"Un pour tous, tous pour un."

Soyez le bienvenu parmi nous, Mousquetaire! Votre histoire est intéressante, et beaucoup s'y retrouveront tout ou partie: je ne sais pas combien de légitimistes par hérédité on pourrait trouver parmi nous!

Nous aurons bien l'occasion de débattre ailleurs alors je vais faire court (histoire de varier un peu) : merci à tous pour l'accueil !