Faut-il être estampillé de gauche pour faire de l'humour satirique ?

C'est la question que je me pose en considérant la presse et les programmes satiriques.

En France, l'impression dominante est qu'il faut impérativement avoir une idéologie de gauche pour faire de l'humour satirique. Il n'y a qu'à regarder des programmes comme les Guignols de l'Info pour s'en convaincre. Ce sont des programmes qui aiment se dire décalés et politiquement incorrects, alors qu'en réalité ils ne font que soutenir la Pensée Unique dictée par les bobos parisiens. Ils se plaisent ainsi à caricaturer la France comme le pays le plus réac du monde, alors que c'est peut-être bien celui où le "progressisme" de gauche est le plus incontesté et le plus intolérant.

Aux Etats-Unis, la satire est beaucoup plus libre qu'en France. Voyez en effet le dessin animé South Park : oui, je vous entends déjà : vous allez me dire que c'est sale, débile, vulgaire, etc... Certes, les auteurs de ce dessin animé ne font pas de cadeau aux puritains. Mais il faut voir aussi ce que déguste la bien-pensance de gauche dans beaucoup d'épisodes !

A titre d'exemple éloquent, il y a ainsi un épisode où les auteurs ont fait très fort en la matière : l'instituteur des enfants, qui est homosexuel, cherche à se faire licencier afin d'accuser l'école d'homophobie et de lui intenter un procès qui rapportera une fortune. Pour se faire renvoyer, il fait donc venir son compagnon devant sa classe, et à eux deux ils font tout ce qu'ils peuvent pour choquer les enfants en se donnant en spectacle. Comme prévu les élèves sont choqués et se plaignent, mais l'école et les parents, bien loin de désapprouver le prof comme celui-ci l'escomptait, accusent les enfants d'être homophobes ! Les pauvres enfants sont alors envoyés dans un "camp de tolérance", véritable copie conforme d'un camp nazi, où des espèces d'officiers SS se chargent de leur enseigner sous la menace de leurs pistolets que tout le monde est beau et gentil. Pendant que les malheureux enfants endurent cela, leur instituteur, lui, reçoit une médaille du mérite sensée saluer son courage face à ses élèves "intolérants" ! Imagine-t-on un seul instant en France un programme satirique oser dénoncer de la sorte la conception totalitaire que la gauche bien-pensante a de la tolérance, de l'égalité et du progrès ?

Le dessin animé South Park est donc politiquement incorrect comme aucun programme français ne l'est. Les satires faites par South Park ne sont ni de droite, ni de gauche, et écorchent véritablement la totalité de la société américaine, y compris cet esprit qui, en France, préside aux programmes soi-disants décalés...
D'ailleurs, je constate que pour le moment, à l'heure où les Simpson sont omniprésents, South Park est extrêmement peu diffusé en France... Serait-ce parce que les bien-pensants de gauche qui dirigent la programmation française n'aiment pas voir critiquées les dérives de leur idéal ?

C'est intéressant cette réflexion sur la satire, car il est clair que la vraie satire n'épargne personne alors qu'en France elle est un simulacre idéologique, comme vous le définissez très bien à propos des Guignols, qui attaquent la droite plutôt sur le fonds et la gauche plutôt sur la forme. Même si on peut se demander si la satire a jamais été vraiment employée en tant que telle, de façon artistique ou comme un état d'esprit intégral, et pas toujours, justement, pour démolir un adversaire honni de façon partiale. En tout cas l'exemple développé, South Park, est intéressant, car je ne m'étais jamais intéressé à ce dessin animé au-delà de son aspect vulgaire. Les scénarios pris comme exemple sont vraiment éloquents quand on compare à ce que nous propose la télévision française - il suffit de penser au feuilleton gauchiste et fadasse le plus abominable qui soit, Plus belle la vie, qui connaît un si grand succès paraît-il (une autre manière d'amener les gens par un côté faussement sympa et familier à renier la tradition comme vous l'évoquez justement, ce en quoi la télévision en général, espace mondialisé et commercial par excellence, excelle). Et puis, finalement, tout cela rejoint la critique globale de la démocratie, qui sous couvert de liberté est le régime de la manipulation mentale par excellence.