Le rapport Attali

Je n'ai évidemment pas pris le temps ni la peine de lire ce rapport Attali dans son intégralité, ayant bien mieux à faire et ne goûtant pas l'économie en général. Toutefois, ce que j'en ai lu ou entendu dire me fait nécessairement aller dans le même sens que vous même si je le dirai encore plus nettement : cet homme est un malade. Il fait selon moi partie de ceux qui constituent la pire plaie de la modernité, la pire engeance libérale au sens négatif du terme, c'est-à-dire de ces gens qui placent l'économique au-dessus du politique, pour qui le capital, la croissance sont des buts en soi qui se situent au-dessus de la nation, du peuple, de la civilisation. Dès lors, peu importe s'il faut écraser toute tradition - ou toute ruine de tradition en ce qui concerne notre pauvre France comme vous le remarquez très justement -, s'employer à une substitution de population ou bien encore imaginer une France pleine à craquer et par conséquent des villes couvertes de bétons et autres cités dortoirs. Cette espèce d'idéologie de la croissance doublée d'un universalisme financier est issu de la phase bourgeoise et libérale de la Révolution, dont on reconnaît là un messianisme dévoyé. Sur le thème de l'immigration, je vous propose l'analyse d'Ivan Rioufol dans le Figaro qui m'a parue juste, en ce qu'il conteste précisément que le dogmatisme économique conduise à la ruine de l'âme du peuple ou la simple recherche d'un minimum de cohésion nationale :

Oser repenser l'immigration
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25/01/2008 | Mise à jour : 06:29 | Commentaires 23
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Le bloc-notes d'Ivan Rioufol du 25 janvier.

Lucide, Jacques Attali ? Oui, quand il décrit la France immobile, devenue une «société de connivence et de privilèges». Président de la commission pour la libération de la croissance, son rapport, rendu mercredi, décrit bien le mal économique français. Cette remarque : «l'enrichissement n'est pas un scandale, seule l'est la pauvreté». La fougue libérale est même réjouissante, ve­nant de celui qui, en 1982, défendit les nationalisations. Mais l'in­sistance à vouloir relancer l'im­migration affaiblit la crédibilité du diagnostic.

Soutenir l'«urgence à ac­cueil­lir des étrangers, pour combler (des) lacunes démographiques et développer des innovations» re­vient à vouloir ignorer une inquiétude des gens face aux repliements identitaires nés d'une immigration sacralisée. Si la gauche universaliste se flatte d'être insensible à la préservation des civilisations, voir ce même relativisme défendu par un repenti des «110 propositions» socialistes fait douter de sa conversion. Faut-il rappeler qu'un peuple n'est pas interchangeable ?

Lire la suite de l'article ici.

Il faut encore citer, dans la sphère royaliste, l'avis plein de bon sens d'Yves-Marie Adeline qui met le doigt là où ça fait mal : l'Education nationale. Cette boutique que personne n'ose remettre en cause est responsable de ce que trop de jeunes ne sont pas suffisamment formés ni redirigés vers des filières professionnelles - à quoi il faudrait joindre des sélections aux universités et plus de numerus clausus.

Yves-Marie Adeline a écrit:Il y a en France 500.000 emplois vacants, et quelle solution M. Attali a-t-il trouvée? Elargir encore les vannes de l’immigration.
Or, d’une façon générale, l’immigration n’est pas une immigration de travailleurs, mais d’allocataires. Donc on ne voit pas comment ces 500.000 emplois seraient occupés par des immigrés qui fuient la misère sans nécessairement savoir exercer un métier.
Le véritable problème, qui décidément ne semble préoccuper que moi, c’est le naufrage de l’Education nationale, incapable d’apprendre un métier à nos jeunes. Si l’on commençait par apprendre quelque chose à nos jeunes, on pourrait déjà espérer répondre à l’offre d’emplois inoccupés. Mais la naufrage de l’Education nationale est un sujet tabou, parce que sa fonction est essentiellement politique: nos écoles sont avant tout des centres d’éducation républicaine, autrement dit de propagande. D’où ce décalage avec l’économie, qui appartient au monde réel.

Source

Votre remarque ne manque pas de pertinence.

Il est vrai que la remarque d'Adeline est un peu vague, même si je crois qu'elle a évidemment plutôt pour but de souligner le dysfonctionnement profond de l'Education nationale que de proposer en si peu d'espace des solutions et une analyse de la situation éducative et économique complètes. Mais je crois que la direction montrée est bonne, à savoir que l'éducation devrait se montrer plus en phase avec le réel - on pourrait en finir pour de bon avec le collège unique, remettre vraiment à l'honneur l'apprentissage, etc. Seulement cette mise en phase avec le réel ne devrait pas forcément transiter, justement, vers une "éducation nationale", uniformisante, globalisante, etc.

Quant au reste je suis d'accord sur le problème qualitatif que rencontrent nombre de métiers ; beaucoup de savoir-faire se perdent dans la médiocrité de la mondialisation, du rendement, d'une fausse performance en un mot. Maintenant, pouvoir revenir là-dessus c'est remettre en question la société de consommation et ses excès, la société bourgeoise de la croissance aveugle et désordonnée, et surtout proposer un contre-modèle qui ne soit pas reniement complet mais retour possible vers un mieux plus humain et qualitatif. C'est dans ce sens que j'appréciais le volet économique et vendéen - puisque j'en vois l'application relative chez moi - du MPF qui prônait une économie où le capital ne soit plus si éloigné du travail et de la terre, où on privilégierait un réseau solide de PME à des multinationales vassales de la globalisation et du rendement, et donc de la médiocrité.