"Monarchie exécutive" au Maroc

N'empêche. Cette discrétion affichée n'enlève rien à l'étendue de son pouvoir. Aujourd'hui comme hier, le roi concentre entre ses mains l'essentiel des leviers de commande. «Il n'y a pas eu de rupture en termes institutionnels, la monarchie occupe toujours la même place dans le système politique», analyse Mohammed Tozy. Plutôt que monarchie parlementaire, c'est le terme de «monarchie exécutive» qui s'est imposé. Autour du roi, une équipe rapprochée constituée d'amis de jeunesse ou de technocrates le conseille et gouverne avec lui. Dix ans après le début du règne de Mohammed VI, ce mode de gouvernance suscite toujours des critiques : «Le pouvoir au Maroc est de plus en plus concentré entre les mains du roi et de son entourage», analyse le journaliste Ali Amar, auteur du Grand Malentendu, un ouvrage sur le règne de Mohammed VI qui dénonce les limites du système en termes d'ouverture démocratique et de lutte contre la corruption.

Ceux qui au début du règne rêvaient d'une transition à l'espagnole de la monarchie marocaine ont dû se rendre à l'évidence. Le politologue Mohammed Tozy, lui, relativise : «Cette conception (de la monarchie) n'est problématique que si elle ne procède pas de l'adhésion de la population à la monarchie. Or l'adhésion des Marocains à la monarchie ne fait aucun doute au Maroc.»