Villepin croit la république menacée

par **Mickaelus** Mer 28 Oct 2009, 19:46

En vérité, je ne lui ferais pas l'insulte d'écrire qu'il le pense vraiment, mais il a besoin d'user la ficelle qui fonctionne si bien contre Sarkozy (notamment lors de la toute récente affaire Jean Sarkozy que nous avons évoquée [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) et qui fait état d'une prétendue monarchisation du pouvoir. Ou comment, par une démagogie si habituelle en démocratie où l'on s'étripe jusque dans les partis pour la course aux places, on essaie de donner du relief au néant pour exister personnellement. Paradoxalement, Villepin veut de plus promouvoir un esprit de la nation, sans s'interroger sur l'identité de celle-ci - voir l'extrait suivant :

«La République est menacée», a-t-il scandé en s'alarmant du déficit de la Sécurité sociale, du chômage des jeunes ou du désengagement des services publics sur le territoire. «Les Français ont le sentiment que le temps passe et que rien ne change», a-t-il estimé à quelques jours du mi-mandat de Nicolas Sarkozy en déplorant «l'incapacité à corriger sa copie au jour le jour». Contre la «politique du laisser-faire et de la fuite en avant», Villepin propose de «renouer avec l'esprit de nation» : «il n'est pas besoin de grand débat sur la République ou sur l'identité nationale», a-t-il ajouté dans une critique visant le ministre de l'Immigration Éric Besson.

«Notre pays ne peut plus vivre avec une concentration du pouvoir et une personnalisation du pouvoir qui nuit à son efficacité», a-t-il poursuivi, fustigeant dans un même élan «l'esprit de cour» et les «polémiques qui font l'actualité». «On l'a vu avec un certain nombre d'affaires qui ont occupé le devant de la scène récemment, a-t-il expliqué. Une fois le rideau de fumée dissipé, qu'en est-il des préoccupations de nos compatriotes ?»

Lire l'article dans son intégralité ici (Le Figaro.fr)

par Mutigney Jeu 29 Oct 2009, 15:58

Au vu de la bassesse des coups que les uns et les autres se portent désormais en permanence, relayés par une presse faussement moralisatrice et néanmoins avide, on peut même dire, allez, pour reprendre votre expression : "démocratie où l'on s'étripe jusque dans les... parties" !

Plus sérieusement, Villepin n'apporte rien d'autre que son aigreur et l'on peut se demander dans quelle mesure il ne se verrait pas en nouveau Robespierre tant son discours sent la démagogie populiste à pleins naseaux ! (je suis Taureau Embarassed

)

Si le néant pouvait avoir un certain relief, je gage qu'il aurait celui d'une vague argentée romantiquement refoulée vers l'arrière d'un crâne empli de lui...

par Abenaquis Sam 07 Nov 2009, 10:17

Monsieur de Villepin, dont je me delecte de l'éloquence digne d'un véritable sujet de sa majesté n'est-il pas républicain????????

Alors, au diable Evil or Very Mad

par V.F.H.78 Sam 07 Nov 2009, 11:08

Mutigney a écrit:Plus sérieusement, Villepin n'apporte rien d'autre que son aigreur et l'on peut se demander dans quelle mesure il ne se verrait pas en nouveau Robespierre tant son discours sent la démagogie populiste à pleins naseaux !

Dominique Galouzeau de Villepin en nouveau Robespierre? L'image est très intéressante et sans doute assez vraie.

par Minervalis Sam 07 Nov 2009, 12:17

Hum... Assez vraie, je ne pense pas: il n'a pas témoigné jusqu'ici d'une véritable obsession pour la "vertu" de sa république...

Edit: je mets le mot "vertu" entre guillemets, bien entendu...

par **Mickaelus** Mar 10 Nov 2009, 16:43

Abenaquis a écrit:Monsieur de Villepin, dont je me delecte de l'éloquence digne d'un véritable sujet de sa majesté n'est-il pas républicain????????

Il n'y a aucun doute effectivement (le titre de mon sujet était bien entendu ironique). Je pense qu'il tend, au fond de lui, vers un bonapartisme de gauche, la tendance jérômiste comme on dit. Et puisqu'on parle de Robespierre, n'oublions pas que le jeune Bonaparte a connu le frère.

Minervalis a écrit:Hum... Assez vraie, je ne pense pas: il n'a pas témoigné jusqu'ici d'une véritable obsession pour la "vertu" de sa république...

Eh oui, mais cette vertu prétendument calquée sur la vertu romaine antique (c'était déjà dans Rousseau et d'autres sans doute) n'a jamais été qu'une inspiration jamais prise très au sérieux dans les faits.

Non, moi ce que je me demande en évoquant Robespierre et la république en danger c'est : quelle serait l'attitude de nos républicains face à une contre-révolution royaliste de grande envergure (soit bien autre chose que la prétendue monarchisation du pouvoir sarkozyste, qui ne serait au mieux que du sous-sous Louis-Napoléon Bonaparte président et non empereur) ? J'imagine mal qu'ils se contenteraient de faire de la figuration comme avec les banlieusards. Je me méfie de la violence innée de ce régime, même dissimulée aujourd'hui parce que c'est plus payant tactiquement - et que les médias suffisent à hypnotiser les masses.

par Minervalis Mar 10 Nov 2009, 20:31

Mickaelus a écrit:

Non, moi ce que je me demande en évoquant Robespierre et la république en danger c'est : quelle serait l'attitude de nos républicains face à une contre-révolution royaliste de grande envergure (soit bien autre chose que la prétendue monarchisation du pouvoir sarkozyste, qui ne serait au mieux que du sous-sous Louis-Napoléon Bonaparte président et non empereur) ? J'imagine mal qu'ils se contenteraient de faire de la figuration comme avec les banlieusards. Je me méfie de la violence innée de ce régime, même dissimulée aujourd'hui parce que c'est plus payant tactiquement - et que les médias suffisent à hypnotiser les masses.

Les républicains ne prennent pas les "jeunes de banlieue" au sérieux parce que, parasites d'un Etat en déliquescence, ils ne voient pas que leurs émeutes sont des tests dirigés en sous-main par des Etats étrangers dont les agitateurs, qui n'ont pas encore accès aux rouages du pouvoir administratif (cela changera très bientôt avec toutes les mesures prises par la république pour leur permettre d'infiltrer l'administration) n'ont encore que la rue comme terrain de bataille.

Je vois mal une contre-révolution royaliste ambitieuse naître de la rue; à mon sens elle ne peut venir que de l'intérieur, avec des agents en place aux postes clef qui empêcheront les oies de piailler et les dogues de mordre. Si le coup d'Etat réussissait, je pense que les républicains seraient complètement pris au dépourvu en raison de l'improbabilité de la menace royaliste à leurs yeux, elle qui n'a cessé de décliner depuis la fin du XIX° siècle et surtout depuis les années 30. Mais les républicains sont avant tout des hommes sans foi ni loyauté, des opportunistes qui sont prêts à toutes les compromissions du moment qu'ils peuvent assurer leur vie de parasite; aussi serait-il assez facile de les duper en misant sur le appétit de lucre, en attendant de les faire jeter au cachot (avec les jeunes de banlieue, justement, ce serait l'occasion...)

par V.F.H.78 Mar 10 Nov 2009, 22:15

Mickaelus a écrit:
Abenaquis a écrit:Monsieur de Villepin, dont je me delecte de l'éloquence digne d'un véritable sujet de sa majesté n'est-il pas républicain????????
Il n'y a aucun doute effectivement (le titre de mon sujet était bien entendu ironique). Je pense qu'il tend, au fond de lui, vers un bonapartisme de gauche, la tendance jérômiste comme on dit.

Je n'avais pas pensé à cet aspect "jérômiste" de l'idéologie politique de Villepin mais c'est probablement juste, dans une certaine mesure.

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