Concours d'imagination

C'est intéressant comme "concours d'imagination" mais ce n'est évidemment pas facile du tout, d'autant qu'avec tout le recul que nous avons il est difficile de se mettre dans la peau de quelqu'un de l'époque. Je vais essayer de répondre brièvement, d'autant que les réponses déjà données soulèvent les points essentiels.

Première question, sur les erreurs de la monarchie avant la Révolution :

- Je pense que l'une des erreurs a été de ne pas poursuivre et accentuer le mouvement amorcé sous Louis XIV, en ce qui concerne la notion de service de l'État par les élites d'alors et le fait de rendre un peu de sève à une noblesse qui aurait dû retrouver une vocation toute militaire et être peut-être mieux renouvelée (un peu dans l'optique carolingienne). Je pense que la pensée de Louis XIV aurait dû conduire à une participation normée à l'impôt dans la même optique de service de l'État et de suprématie du pouvoir royal.

- La relative passivité face à la diffusion de la pensée des Lumières (peut-être eût-il fallu plus punir et bannir) et l'essor d'un certain individualisme et préromantisme. Il aurait sans doute fallu développer l'éducation des humbles dès cette époque sous la tutelle de l'Église - mais notre recul est confortable.

- La participation de la France à la guerre d'indépendance américaine vu l'état des finances et l'exemple d'une révolte réussie contre une Couronne (même si c'était aussi contre l'Angleterre). Évidemment, ma première proposition aurait pu prévenir le problème financier, car si on en est à dire que la France ne pouvait plus mener la moindre guerre, c'est bien qu'il y avait autre chose à régler, soit l'organisation économique.

- Il y a eu clairement un problème de transmission de la définition du métier de roi entre Louis XV et Louis XVI ; l'éducation du roi dans une perspective fénelonienne et la non préparation par Louis XV lui a fait rappeler les Parlements et entretenir une attitude trop souple au début de la Révolution. C'est là l'héritage louis-quatorzien qui se perdait, en cédant aux élites privilégiées jalouses du pouvoir royal depuis toujours, et en n'employant pas une réponse militaire ferme et forte dès le départ. Louis XVI le comprendra trop tard malheureusement, et Charles X ne pas mieux en 1830.

Deuxième et troisième questions : pendant et après la Révolution

Pour ce qui est de devenir conseiller de Louis XVI, je peux oublier tout de suite : mes ancêtres étaient cultivateurs et artisans au carrefour de la Bretagne, du Poitou et de l'Anjou. Mais admettons ! Sinon, pour ce qui est de l'aider à contrer la Révolution, tout dépend depuis quand on est supposé être conseiller - à ce que je comprend c'est au moment où elle éclate : j'aurais cependant commencé par ne pas conseiller la tenue des Etats Généraux, surtout pas dans le climat explosif qui faisait réclamer plus de voix au Tiers Etat.

Malheureusement je ne vois pas de miracle à part une intervention militaire qui fait intervenir rapidement toutes les troupes disponibles et l'exécution de tous les meneurs. S'il s'agit de fuite, il faut qu'elle se fasse tôt, en faisant suivre des chemins différents au roi et au Dauphin (après tout, le comte de Provence, futur Louis XVIII, a pu s'enfuir lui), parce que le but est qu'il reste un roi au bout du compte.

Je vois mal comment limiter les dégâts à part en réussissant là où les Vendéens ont échoué. Comme Tulard l'a écrit, sans doute auraient-ils dû conserver leur tactique de guérilla et éviter la bataille en rase campagne sans forces suffisantes. Évidemment, il aurait fallu essayer d'étendre le mouvement vendéen mais le comment me dépasse. Je crois que la Révolution était une boîte de Pandore à ne jamais ouvrir. Aujourd'hui même la pensée royaliste est largement contaminée par elle (orléanisme et œcuménisme).