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"Des principes et des causes de la révolution en France" par Senac de Meilhan

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"Des principes et des causes de la révolution en France" par Senac de Meilhan Empty "Des principes et des causes de la révolution en France" par Senac de Meilhan

Message par Camisard Sam 05 Déc 2009, 20:58


L'homme est monarchiste, mais il est aussi le produit des Lumières. Admirateur de Montesquieu & de Voltaire, il est mû par la volonté de comprendre. Il saisit les conséquences d'une laïcisation de la pensée - « le règne des idées religieuses est passé, celui de la liberté paraît » - sur l'art de gouverner : le droit divin était une mystique alors qu'une « vérité froide, une sèche démonstration ne feront jamais (…) des sujets fidèles ».

Et s'il appartient à la noblesse, il est aussi un « homme nouveau » : le père fut anobli par sa fonction de premier médecin de Louis XV. Protégé par Choiseul, le fils devient à 27 ans un de ces intendants, administrateurs des provinces, commis (on les appelle commissaires) & révoqués par le roi, qui ont été l'instrument du pouvoir royal face à la noblesse de robe des officiers (propriétaires de leur office) des Parlements comme face aux grands féodaux, toujours prêts à fronder. Intendant général de la guerre à 39 ans, il se voit déjà dans la peau du grand ministre réformateur dont la monarchie a besoin.

Las ! Louis XVI lui préfère Necker, « plus fatal à la France que Cromwell à l'Angleterre (…), administrateur des finances sans capacité, comme sans doctrine (…), plus amoureux d'applaudissements qu'épris d'une véritable gloire, vacillant dans ses opinions, incertain dans sa marche ». Sénac a la dent dure ; d'autres en font les frais : Maurepas qui, en 1774, a négligé de « profiter d'une révolution faite » en rétablissant des Parlements réduits à l'impuissance par Maupéou trois ans plus tôt, Loménie de Brienne, au pouvoir en 1787-1788, « sans caractère, sans ressource pour imaginer, sans constance pour exécuter », dont l'échec entraîne le retour de Necker, malgré les efforts de Sénac pour convaincre qu'il est le seul à…

Quant à Calonne, si son action allait dans le bon sens, elle fut trop timorée & ne pouvait aboutir sans un ferme soutien du roi. Un roi qui, aux yeux de Sénac, commit sa faute la plus grave en abandonnant à l'intrigue un Turgot qui, seul, avait trouvé la voie de l'indispensable réforme.

Portraits peu flatteurs d'un personnel politique médiocre, inconstance du monarque engendrant l'instabilité ministérielle, manque d'audace dans les idées & de continuité dans l'action, Sénac n'est décidément pas de ces émigrés qui font de l'Ancien Régime un paradis perdu.

Mais sa réflexion ne s'arrête pas aux facteurs humains. Il analyse la crise financière : l'absence de contrôle des dépenses & l'insuffisance des recettes dégagées par un système fiscal obsolète dans ses principes (l'exemption des privilégiés) comme dans ses modes de perception, aboutissent à un endettement qui met l'État aux mains des banquiers. Il dissèque la crise morale que symbolise pour lui, comme pour tant de Français, l'affaire du collier de la reine, revient sur les effets délétères de la querelle des jansénistes, de la lutte entre le roi & les Parlements, d'une prolifération des textes législatifs traduisant surtout l'irrésolution du pouvoir. Il condamne sans appel la guerre d'Amérique qui « ne pouvait produire aucun avantage à la France » mais qui « renversa (…) les têtes & la fortune publique ».

Autant de signes qui, pour Sénac, trahissent l'épuisement du vieux système. Mais les abus, les guerres ruineuses, les ministres impopulaires, le déficit budgétaire ne sont pas des nouveautés dans l'histoire de la monarchie ; ils ont pu provoquer des révoltes, pas une révolution. Alors ?

Alors, répond-il, la clef est à chercher dans la rupture, sous Louis XV, du « contrat » (social dirait Rousseau) entre le roi & son peuple, de leur alliance séculaire contre la haute aristocratie. Ces Grands en qui Sénac voit les premiers révolutionnaires, parce que, depuis le règne du Bien-Aimé, ils sont parvenus à imposer la Cour, instrument inventé par les Valois & développé par Louis XIV pour domestiquer la noblesse, comme l'organe réel de pouvoir. Parce qu'ils ont alors transformé la monarchie, le meilleur des régimes pour Sénac, en despotisme insupportable au peuple.


La monarchie, « ascenseur social » pour ses serviteurs, Sénac a conscience d'avoir été un des derniers à en profiter. Et ses accents, lorsqu'il condamne la réaction aristocratique qui conduit « à faire sa cour (plus) qu'à se distinguer par des services », à distribuer les commandements dans l'armée non plus selon les talents mais en fonction du nombre des quartiers de noblesse, ne sont pas sans rappeler ceux du Figaro de Beaumarchais.

Je precise juste que je connais un descendant de Senac (il porte d'ailleurs le nom) qui est veilleur de nuit apres avoir été legionnaire au 2° REP et qui bien sur, est un fidèle du Duc D'Anjou.

Pour renvoyer au topic de "Gotha city", il est plaisant de voir qu'il reste de vrais nobles, fidèles à leurs valeurs, quelque soit le statut social!!!!
Camisard
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Chevalier

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