Un homme de Bien...

Voilà, j'ai édité ton premier message afin d'y faire figurer la vidéo d’Éric de Rus, car effectivement il mérite bien de s'exprimer dans nos pages même . C'est quelqu'un qui semble vraiment habité par l'expérience intérieure et même intime de Dieu, ce qu'il dit est très riche ; malheureusement, n'ayant lu aucune de ses références majeures dont Edith Stein je ne peux sans doute pas mesurer toute la portée de ce qu'il exprime. En tout cas, sa manière de parler de l'intérieur "irréductible", "inaliénable" de l'homme et donc aussi de la conscience très certainement, me plaît bien, d'autant qu'il parvient à relier cela à l'incarnation du Verbe et à la littérature de manière très intéressante. Le poème lu en préambule est sublime, tout comme la définition de l'éducation qu'il propose, conduire l'homme à sa plénitude, respectueusement de sa vocation humaine et divine : chapeau !

J'ai l'impression de n'avoir jamais eu beaucoup de chance à cet égard, même à vingt ans j'ai rarement croisé des gens de bien, ou tout simplement qui n'étaient pas englués dans l'hypocrisie, le paraître, ou l'esprit du monde... Alors je ne peux que m'accorder avec toi sur ceci : c'est d'autant plus rare que d'avoir su s'accomplir fidèlement à une belle vocation. J'essaierai de trouver le temps de lire tous ces penseurs qui me semblent en valoir la peine, même si avec la pile qu'il reste dans ma bibliothèque ce ne sera pas pour tout de suite - eh oui, même avec beaucoup de temps libre .

Je crois que le malaise vient aussi de ce que nous vivons à une époque où les gens se croisent sans se voir vraiment, intérieurement ; il y a peut-être plus de personnes qu'on ne croit qui feignent d'être ce qu'elles ne sont pas, pour rester dans l'air du temps et n'être pas ostracisées, car la solitude effraie énormément. Et pourtant, c'est justement ce monde ultra-fragmenté et individualiste qu'on nous présente comme celui du Progrès : beau paradoxe que d'y avoir créé autant de malheur, quand chacun n'est plus que l'étranger au sens fort du mot. Non, vraiment, la solidarité de la gauche ne remplacera jamais la charité du Christ. A cet égard, il est possible que certaines périodes de la vie ou certaines générations soient plus propices que d'autres à ce déracinement spirituel et moral, je ne sais pas trop, mais espérons toujours dans le fait que certains continueront à écouter cette petite étincelle divine qui est en chacun de nous. Dès lors, même si j'ai connu ce mépris dont vous parlez, je me suis beaucoup plus mis en retrait ces dernières années pour réfléchir à tout cela - mais, le fait que je n'ai jamais été du genre à avoir beaucoup confiance en moi, m'a sans doute préservé d'un orgueil ou d'une misanthropie trop forts qui m'auraient détourné du christianisme à plus ou moins long terme. Je pense aussi que c'est à chacun de sentir comment il est le plus utile et se sent le mieux pour témoigner ce Bien si nécessaire aujourd'hui.