Réforme du lycée

La réforme du lycée décryptée matière par matière
Marie-Estelle Pech
10/12/2009 | Mise à jour : 00:05

Plusieurs disciplines voient leur grille horaire grignotée. Le ministère de l'Education souhaite notamment que la filière S fasse moins figure de généraliste par rapport à la filière L, délaissée.

Au petit jeu des perdants, les candidats se bousculent au portillon. Hormis la philosophie dont les horaires sont maintenus, plusieurs disciplines voient leur sacro-sainte «grille horaire» grignotée. Selon le ministère, mieux vaut en effet moins de cours magistraux «passifs et académiques» et plus d'accompagnement et de méthodologie.

Lire la suite de l'article ici (Le Figaro.fr)

Tollé contre la suppression de l'histoire en terminale S
Natacha Polony
07/12/2009 | Mise à jour : 07:26

Historiens et philosophes s'élèvent contre l'«utilitarisme à courte vue» de cette mesure, prévue par la réforme du lycée.

Des tables rondes, des rencontres dans la France entière… tout avait été fait pour éviter que la réforme du lycée version Luc Chatel ne connaisse le même sort que celle de son prédécesseur. Et les pièges semblaient évités, le mauvais sort conjuré. Jusqu'à la fronde des historiens.

Dans une pétition relayée par Le Journal du dimanche, les grands noms de l'histoire en France, auxquels se sont adjoints des politiques et des artistes, dénoncent la suppression de l'histoire-géographie des enseignements de tronc commun de terminale S et son remplacement par un enseignement optionnel. Une «décision inspirée par un utilitarisme à courte vue» accuse le texte, qui y voit une contradiction avec l'intérêt de Nicolas Sarkozy pour les références à l'histoire, de Guy Môquet au débat sur l'identité nationale.

Lire la suite de l'article ici (Le Figaro.fr)

Camisard a écrit:Trop fort: au lieu de remonter la L, "delaissée" on baisse la S!

Le problème en série L et quant au français et à la littérature, c'est qu'on a laissé les doctrines des formalistes et structuralistes du genre Genette et Todorov (années 70) enfermer l'analyse du texte littéraire. En somme, au lieu d'apprendre la littérature aux élèves (sauf si on a la chance d'avoir un professeur passionné par son vrai sujet), on enferme le texte dans des schémas et des catégories tout faits (lire la série des "Figures" de Genette est un supplice) - il faut y voir un complexe vis-à-vis des scientifiques il me semble. Idem en grammaire, ce que j'ai très bien vu à l'université, la matière qui a nom linguistique impose un jargon complètement imbuvable. Il faut voir comment les futurs professeurs de français sont formés : on ne s'étonne plus de rien ensuite...

Calliope a écrit:comme la série L les mathématiques, alors que la série A1 comportait un programme de mathématique équivalent à la 1ère S de l'époque

C'est tout à fait juste, je me souviens avoir eu une sorte de cahier de vacances en première et terminale L . Alors nous faisions des pourcentages, des probabilités, ce genre de choses, très reposantes après la seconde...

Il faudrait d'abord qu'on impose aux professeurs les plus endoctrinés par la méthode formaliste que leurs cours fassent au moins intervenir à jeu égal ce qu'on appelle l'histoire littéraire, et cela dès la sixième. Cela implique l'enseignement des grands courants de la littérature française ainsi que les genres littéraires, ainsi que les œuvres qui représentent le mieux ces courants et ces genres (parce que quand on voit comment les corpus classiques sont sacrifiés, c'est inacceptable). On ne peut pas se contenter de balancer des textes par-ci par-là entre deux cours de grammaire décousus... Des professeurs faisaient encore cet effort à mon époque, j'espère que c'est encore le cas. Quant à la grammaire, il faut revenir à une terminologie classique, parce que je n'ose pas imaginer l'effet chaotique que pourrait produire le jargon de la linguistique universitaire sur des élèves de collège.

Calliope a écrit:Enfin, dans une société "ouverte sur le monde", je déplore l'absence totale de découverte de la littérature étrangère.

Cela dépend peut-être des professeurs mais au lycée j'ai quand eu une initiation (courte évidemment) aux littératures allemande et russe par l'entremise de quelques textes ou œuvres. Mais dans tous les cas, au collège et au lycée, je pense que la priorité doit être la maîtrise de l'histoire littéraire française, ce qui est déjà loin d'être gagné... A l'université c'est différent, il y a une matière qui s'appelle littérature comparée et qui fait travailler sur des œuvres qui proviennent d'horizons différents autour d'un même thème.

En ce qui concerne les cours de français (de littérature au lycée devrais-je dire), évidemment qu'il faut encourager des programmes avec des lectures d'œuvres complètes, mais cela paraît évident que pour de simples raisons de temps, il n'est guère possible de ne travailler que sur des textes complets. Ou alors il faudrait se contenter de théâtre et de poésie mais je ne pense pas que ce soit une solution. En tout cas en première et en terminale j'ai eu la chance d'avoir un professeur vraiment passionné par sa matière et qui fonctionnait de cette manière (soit de bonnes œuvres complètes et un programme de textes correspondant aux grands mouvements littéraires), du moins comme il pouvait dans cet environnement peu favorable, et cela m'a vraiment donné le goût de la littérature classique. L'autre gros problème que j'ai déjà souligné c'est que c'est une perspective qu'il faudrait adopter dès la sixième, voire le primaire, mais déjà qu'on n'est plus capable d'enseigner la grammaire...