"La Vendée et Madame", par Alexandre Dumas

LIVRE - Un inédit d’Alexandre Dumas sur la Vendée

L’épopée de Marie-Caroline

Un livre inédit d’Alexandre Dumas dont l’histoire se déroule en Vendée vient de sortir de l’oubli. « La Vendée et Madame », œuvre de « nègre littéraire » de l’auteur des Trois Mousquetaires, avait été publié en 1833 sous la signature du général Dermoncourt, comme témoignage de l’épopée de la Duchesse de Berry. Principal protagoniste de cette aventure, l’officier avait tenu à relater fidèlement la tentative de « Madame » de rallumer le soulèvement vendéen. Il en avait confié la rédaction à Dumas, connaisseur de la Vendée. L’auteur y avait été en effet dépêché en 1830 par le général La Fayette pour mesurer la possibilité d’y établir une Garde Nationale.

L’amazone de Henri V

Au Printemps 1832, donc, sous le règne de Louis-Philippe, fils de Philippe-Égalité régicide honni des royalistes, une jeune femme débarque près de Marseille. C’est la jolie veuve du Duc de Berry, fils de Charles X : Marie-Caroline de Bourbon-Sicile. Elle espère soulever les Légitimistes de Provence, puis ceux de Vendée, au profit de son fils, Henri V. Dès son débarquement, l’affaire ne cesse de se compliquer. Le soulèvement marseillais fait long feu. Il devait distraire les armées louis-philippardes pour soulager le futur front de l’Ouest. En dépit de la tournure
défavorable des événements, l’amazone poursuit son périple homérique vers la Vendée qu’elle sait fidèle. Là, la situation est à nouveau inconfortable. Les Vendéens sont peu armés. Les régiments nationaux quadrillent le territoire. Les survivants de 93 entrevoient une issue funeste à cette aventure.

Coup de feu du dernier carré

Qu’à cela ne tienne, Madame fait passer ses mots d’ordre et le dernier carré de ses fidèles se lance à l’assaut des garnisons bleues. L’Amazone monte au feu avec ses hommes. Elle erre ensuite de métairie en logis et de cabanes en châteaux, avec à ses trousses les agents de l’Etat. Tantôt vêtue en jeune homme, tantôt en paysanne, elle fait preuve d’un courage et d’un culot stupéfiants. Elle sème ses poursuivants durant des mois puis se réfugie à Nantes. Là, trahie par « l’infâme Deutz », elle tombe entre les mains de Dermoncourt. Marie-Caroline, authentique personnage historique, n’a rien à envier au comte de Monte Cristo. Dumas lui a rendu justice dans cet ouvrage qui préfigure ses romans populaires.

■ Renseignements : « La Vendée et Madame », inédit d’Alexandre Dumas- Editions Alphée - 268 pages - 18,90 €.

V.F.H.78 a écrit:Mon histoire familiale est concernée. En effet, mon ancêtre paternel fut considéré comme le "dernier garde du corps" de la duchesse de Berry, lors de son passage à Trejet en La Chevrolière puis à Pont Saint-Martin

V.F.H.78 a écrit:Vos ancêtres sont originaires d'où exactement Mickaelus?

Le nouveau feuilleton Dumas

Après la parution de l'article «Inédit de Dumas ? Un faux !» («Le Figaro Magazine» du 29 mai), Claude Ribbe nous écrit.

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Raphaël Stainville décide, à propos de La Vendée et Madame, un récit récemment publié chez Alphée-Jean-Paul Bertrand sous le nom d'Alexandre Dumas, et assorti d'une préface dont je suis l'auteur, que ce serait un «faux». Directeur de la collection dans laquelle ce livre est publié, je suis accusé d'être un «mystificateur» et cette édition est présentée comme un «coup éditorial».
Or le texte incriminé reprend la version de 1833 publiée sur le même titre, La Vendée et Madame, mais sous le nom de Paul Dermoncourt, ancien aide de camp du général Dumas, père du romancier.
Le caractère inédit de cette nouvelle publication n'est pas lié au texte lui-même, encore que la présente version soit débarrassée des coquilles et erreurs contenues dans l'édition de 1833 et que l'orthographe ait été modernisée, mais au fait que l'œuvre est enfin attribuée à son véritable auteur, qui n'est pas Paul Dermoncourt mais bien Alexandre Dumas.
Ce dernier a éprouvé le besoin de revendiquer la paternité par écrit d'une manière si explicite et si répétée que Raphaël Stainville ne peut raisonnablement contester une pareille évidence. Il cite d'ailleurs lui-même dans son article un document où Dumas déclare à propos de la première édition de ce livre (donc celle que je publie aujourd'hui chez Alphée-Jean-Paul Bertrand) : «Oui, la première édition est entièrement de moi.» Cette reconnaissance de la paternité de l'ouvrage est réitérée dans Les Mémoires, publiés sept ans après la mort de Dermoncourt.
Dès lors qu'Alexandre Dumas reconnaît lui-même être le seul auteur de l'édition de La Vendée et Madame, aujourd'hui republiée, on s'étonne que le fait d'indiquer que l'auteur de ce livre est Alexandre Dumas puisse constituer un «faux».
Des extraits avaient d'ailleurs été publiés voilà près de soixante-dix ans par Jacques Suffel (qui n'avait rien d'un mystificateur) sous le nom d'Alexandre Dumas.
M. Stainville semble considérer que le seul fait que Dumas n'ait pas signé cet ouvrage de son nom en 1833 n'autorisait pas un éditeur, cent soixante-seize ans plus tard, à rétablir la vérité. C'est un point de vue contestable.
Si Dumas n'a pas signé son ouvrage, c'était précisément pour faire un «coup éditorial», la signature de Dermoncourt, acteur important dans l'équipée de la duchesse de Berry, permettant d'espérer de meilleures ventes.
La notoriété de Dumas étant aujourd'hui ce qu'elle est, on peut évidemment accuser tout éditeur publiant un inédit d'Alexandre Dumas de vouloir faire un «coup éditorial».
Devrait-on s'abstenir pour autant de publier ces inédits ? Surtout quand ils présentent un intérêt à la fois historique et littéraire pour le lecteur ?
Quant à la mystification, j'en vois plus dans cet article qui tente de faire passer une évidence - Dumas est bien le seul auteur de la première édition de La Vendée et Madame- pour un coup monté, que dans une préface fort explicite sur les circonstances de publication et sur les raisons qui rendent cette œuvre originale et inédite, dès lors qu'elle est associée au nom de Dumas. Cette préface, au risque de se lancer dans un faux débat, M. Stainville ne semble pas avoir pris la peine de la lire. On se demande bien pourquoi. Parce qu'elle n'est pas de Dumas ou parce qu'il a du mal à admettre que l'auteur français le plus lu dans le monde ait pu être un « nègre » ?