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Message par Minervalis Lun 16 Nov 2009, 23:08

j'ai commencé la lecture d'un ouvrage qui devrait être adoré ici: la "biographie ou vie publique et privée de Louis-Philippe d'Orléans Ex Roi des Français depuis sa naissance jusqu'à la fin de son règne" par L.G. Michaud, à Paris, Bureau de la biographie universelle, 1849. Tout serait à citer et je pense que vous pouvez le trouver sur le site de la BNF (je n'ai pas vérifié).

Voici un extrait particulièrement instructif:

C'était pour Louis-philippe une grande affaire que de marier ses enfants. Il en avait un grand nombre, et c'était sur eux qu'il fondait son avenir et sa sécurité. Mais, quels que fussent leur mérite et leurs avantages personnels, il n'était pas facile de leur trouver des alliances aussi brillantes, aussi élevées que ses prétentions. Se regardant lui-même dès lors comme souverain bien reconnu, bien légitime de la couronne de France, il n'aspirait pas moins pour sa dynastie qu'à l'alliance des premières maisons souveraines. Ne pouvant pas, à cause des insurmontables répulsions de l'empereur Nicolas, s'élever jusqu'à la maison de Romanoff, auprès de laquelle avait échoué Napoléon lui-même, il se rejeta sur la Prusse et l'Autriche. Les relations qu'il entretenait, on pourrait dire l'intimité dans laquelle il vivait alors avec le prince de Metternich, le firent d'abord penser à l'Autriche, où se trouvaient plusieurs princesses à marier. Quant à la Prusse, où l'on avait aussi quelque de raison de compter sur de secrètes liaisons avec les Humbolt, les Ancillon et surtout avec la maîtresse du roi, la princesse de Liegnitz, dont on payait jusqu'à la marchande de mode à Paris, on se flatta également d'y réussir; mais l'alliance de l'antique maison de Lorraine flattait davantage; et M Thiers, qui était ministre des affaires étrangères, n'hésita pas, avec sa légèreté accoutumée, à garantir le succès de ce côté.

Alors, les deux fils aînés du roi des Français, environnés d'une suite nombreuse et d'un luxe extraordinaire, partirent pour l'Allemagne (mai 1836), tous deux couverts des insignes du sang royal que leur avait donnés Charles X, mais qu'ils n'osaient plus porter à Paris. Ils avaient aussi eu soin de rétablir sur leurs voitures, les nobles fleurs de lys que Louis-Philippe avait laissé si lâchement effacer. Sans nul doute, il y avait dans cette démarche, dans ce voyage de deux princes, héritiers du trône de Saint-Louis, ou du moins qui se croyaient tels, allant à la recherche d'une épouse, quelque chose de peu digne et de contraire aux usages des cours; mais tant d'autres choses étaient alors si contraires aux usages et au droit! On comptait du reste avec quelque raison sur le mérite et les avantages extérieurs des princes, et ils eurent, en effet, des succès à Berlin, où la famille royale les reçut avec beaucoup d'affabilité et de politesse, mais sans qu'il y eût de prononcé un seul mot de matrimonial. Cette cour était d'ailleurs trop soumise à l'influence de la Russie. Comme le Czar, elle avait reçu les engagements et les promesses de Louis-Philippe, de rendre la couronne à la légitimité quand le temps serait venu; et elle ne regardait conséquemment pas comme appartenant à une maison souveraine les princes de la branche cadette. On ne peut guère douter qu'il n'en fût ainsi à Vienne de la part des princes de cette maison de Lorraine, si orgueilleuse et si fière de son antique noblesse. Les deux jeunes princes y furent également bien reçus, mais comme des princes d'Orléans et non comme héritiers du trône. L'aîné crut y avoir été remarqué par une des filles de l'archiduc Charles; mais ce ne fut qu'une fatuité de jeune prince, et encore une fois on n'osa pas faire paraître la moindre prétention. Là finit de voyage quelque peu ridicule, et dont M Thiers avait donné l'idée pour flatter Louis-Philippe dans sa vanité.

Après avoir essuyé cet affront dont s'amusèrent beaucoup les journaux anglais et tous ceux qui en France avaient conservé quelque indépendance, Louis-Philippe dut porter ses regards d'un autre côté, car il ne voulait pas que sa race pût s'éteindre, et dès lors il dissimulait peu son intention de garder et de transmettre à sa postérité le trône qu'il avait promis de rendre. Forcé de descendre à un rang moins élevé, ce fut une princesse de Mecklenbourg-Sherin que l'on demanda pour le duc d'Orléans. Cette famille était au reste une des plus illustres de l'empire germanique, et elle y avait pour alliées la plupart des maisons souveraines, notamment la famille royale de Prusse. D'ailleurs, la princesse était personnellement digne par son mérite et son esprit cultivé d'une très haute destinée. Le seul inconvénient, très grave, il est vrai, pour la France, c'est qu'elle professait la religion luthérienne. Il fut bien reconnu que les enfants seraient élevés dans le catholicisme, mais il s'en fallait de beaucoup que cette mesure fût suffisante aux yeux de la plus grande part des français. Quant à Louis-Philippe, ce fut une nouvelle concession qu'il fit sans peine au parti philosophique et révolutionnaire. il montra encore en maintes occasions peu d'égards pour l'esprit religieux, et fit dans sa famille plusieurs mariages hors de l'église catholique, ce qui n'a pas peu contribué à la désaffection si générale, qu'il a éprouvée dans les derniers temps de son règne.

Après avoir dit comment il laissa persécuter sous ses yeux le digne archevêque de Quélen, comment il laissa dans le même temps profaner l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, et démolir l'archevêché; nous emprunterons aux Annales de la philosophie chrétienne, un tableau curieux et très exact des rapports qu'il eut avec le vertueux prélat, mort si glorieusement aux barricades de juin. Nous ne pourrions pas faire une citation qui montrât avec plus de vérité la manière dont Louis-Philippe traitait les personnes et les choses de la religion. Le caractère de dignité et d'énergie du pontife n'y est pas représenté avec moins d'exactitude.

"On sait combien les luttes de monseigneur Affre avec le gouvernement, et surtout avec Louis-philippe, en particulier, ont été vives et constantes. Aucune des libertés de l'Eglise n'a été abandonnée ou livrée par l'illustre prélat au pouvoir séculier, quoiqu'on lui eût bien souvent fait entrevoir que le cardinalat serait le prix de sa docilité ou de sa faiblesse. On se souvient surtout de sa lutte à l'occasion du Chapitre de Saint-Denis; plusieurs fois il nous a parlé de toute cette affaire et a protesté de son obéissance au Souverain Pontife. Ce qui le guidait dans sa lutte, c'était, nous disait-il, d'abord de conserver à son successeur son siège tel qu'il l'avait reçu; en second lieu, la persuasion intime où il était que le roi trompait le Saint-Siège, et voulait avoir sous sa main une pépinière d'évêques domestiques. Dans cette occasion, il a eu à soutenir avec le roi lui-même de nombreuses discussions, où Louis-Philippe faisait le théologien (pauvre théologien, nous disait l'archevêque), citait l'Evangile, le Missel et le Bréviaire sur la même ligne, et voulait prouver qu'il n'agissait que dans l'intérêt de l'Eglise. le prélat n'avait pas de peine à répondre à ses textes et à ses citations; mais, peine perdue, le théologien couronné revenait à son idée, comme si on ne lui eût rien dit. Monseigneur Affre dut lui-même interrompre ses conférences, et demander au roi de ne plus traiter cette affaire qu'avec ses ministres... Au reste, quand éclata la révolution de février, il y avait déjà assez longtemps que l'archevêque était en disgrâce au château, et à ce sujet qu'il nous soit permis, en finissant, de raconter la dernière audience que le prélat eut de Louis-Philippe, à peu près dans les termes mêmes qu'il nous l'a racontée; on y verra une preuve de sa fermeté et de sa dignité vraiment épiscopales.

"On se souvient encore que lors de la réception des autorités de Paris, à l'occasion de la fête du roi, en 1846, monseigneur l'archevêque ayant osé dire dans son discours que l'Eglise réclamait la liberté et non la protection, le roi, choqué de cette liberté grande selon lui, empêcha que ce discours ne fût imprimé au Moniteur avec tous les autres. Le prélat regarda avec raison cette exclusion comme une censure et un blâme jeté sur sa conduite; aussi, lorsqu'il 'agit d'une nouvelle présentation au jour de l'an 1847, il se rendit quelques jours avant auprès de la reine et lui annonça qu'il viendrait bien offrir ses voeus au roi, mais qu'il était dans l'intention de ne pas faire de discours. La reine se récria beaucoup contre cette détermination, et voici la conversation qui intervint: "Ah mon Dieu, Monseigneur, voilà que le roi va encore se fâcher." Je lui dis :"Je suis désolé moi-même, mais Sa Majesté comprendra bien que je ne puis pas aller encore une fois m'exposer, ainsi que mon clergé, à un blâme public et à une exclusion qu'on n'a jamais appliquée à un rabbin ou à un ministre." -"Mais, au moins, consentez à voir le roi, à parler avec lui de cela; je suis assurée qu'il vous donnera satisfaction et que l'affaire s'arrangera à l'amiable." -"Si Sa Majesté veut me donner audience, c'est avec plaisir que le me rendrai à son invitation."

"L'heure fut donnée et l'archevêque vint au rendez-vous. Et à ce sujet, l'archevêque ajoutait: "Je me présentai devant le roi, et je m'entretins avec lui sans aucune gêne; je suis quelquefois un peu saisi dans les réunions publiques, mais là, seul à seul, je me sentais aussi à l'aise que maintenant que je parle avec vous... Le roi me reçut donc dans son salon, et comme c'était son habitude, il me tira à part, et me conduisit dans l'embrasure d'une fenêtre où il me fit asseoir et s'assit lui-même. Là nous fûmes quelque temps à nous regarder en silence. A la fin je pris la parole et je luis dis: Ayant su que le roi désirait me parler, je me suis rendu avec empressement à son invitation..." -"Moi, dit le roi, je n'ai rien à vous dire; c'est vous, m'a-t-on dit, qui voulez me parler, et je suis prêt à vous écouter." -"Eh bien ! le roi doit savoir le sujet de ma visite; comme je ne veux pas m'exposer encore à l'affront qui m'a été fait lors de la dernière présentation, je me propose de venir offrir mes voeux pour la santé du roi, à la tête de mon clergé, mais je ne ferai pas de discours." -Ah! je vois, c'est une nouvelle attaque que vous dirigez contre moi. Je croyais que toutes nos discussions étaient finies, et il paraît que vous voulez recommencer. Si j'ai empêché que votre discours fût publié, c'est que vous vous étiez permis des conseils inconvenants." -"J'en demande bien pardon au roi, mais ni mes intentions, ni mes paroles ne pouvaient avoir ce sens: demander la liberté et non la protection, est peut-être la demande la plus modérée que puisse faire l'Eglise." -"Et moi je ne l'entends pas ainsi...; avec vos demandes et vos journaux, vous jetez le trouble partout." Et passant à une autre question: "Ainsi, par exemple, je sais qu'il y a peu de temps vous avez rassemblé un concile à Saint-Germain." -"Ce n'est point un concile que nous avons assemblé; mais quelques évêques, mes suffragants et mes amis sont venus me voir et nous avons traité de différents points de discipline ecclésiastique." -"Ah! je le disais bien, que vous aviez formé un concile; sachez que vous n'en avez pas le droit." Jusqu'à ce moment, nous disait l'archevêque, j'avais répondu au roi avec beaucoup de déférence, et évitant presque de le regarder, mais à ces mots, j'élevai les yeux et, les fiant sur les siens, je lui dis avec fermé: "Pardon, Sire, nous en avions le droit, car toujours l'Eglise a eu le droit d'assembler ses évêques pour régler ce qui pouvait être utile à leurs diocèses. -"Ce sont là vos prétentions, mais je m'y opposerai; d'ailleurs, l'on m'a dit aussi que vous aviez envoyé un ambassadeur au pape; je sais même que c'était pour lui demander la permission de faire gras le samedi." -"C'est vrai, Sire, nous avons envoyé un ecclésiastique (M l'abbé Labouillerie) faire quelques demandes au pape; mais cela même est dans les droits de tous les fidèles, et à plus forte raison des évêques." -"Et qu'est-ce que vous lui avez demandé encore ? je veux le savoir." -"Si c'était mon secret, le le dirais tout de suite au roi, mais ce n'est pas seulement le mien, c'est encore celui de mes collègues, et je ne puis le dire au roi..." A ces mots, le roi, rouge de colère, se leva brusquement, me prit par le bras et me dit: "Archevêque, souvenez-vous bien que l'on a brisé plus d'une mître..." -Je me levai à mon tour, en disant: "Cela est vrai, Sire; mais que Dieu conserve la couronne du roi, car on a vu briser aussi bien des couronnes."


Dernière édition par Minervalis le Mar 17 Nov 2009, 20:47, édité 2 fois (Raison : Fautes de frappe... J'ai tout saisi pour vous !!!)
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Message par Lorenz Mar 17 Nov 2009, 13:10

L'ouvrage est en accès libre sur Google Books :

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Message par Mickaelus Mar 17 Nov 2009, 14:31

Soyez remercié d'avoir pris la peine de nous recopier ce long extrait, cher Minervalis ! Non seulement c'est très intéressant pour nous légitimistes, mais en plus je sais, pour le faire assez souvent pour mon blog, combien il peut être fastidieux de recopier de longs textes au clavier (justement, il faut toujours vérifier si le livre est disponible sur Gallica, car on y trouve de plus en plus des fichiers pdf dont le texte peut être copié-collé - même si ce n'est pas toujours parfait -, ce qui n'est jamais le cas sur Google Books sauf erreur de ma part).

En tout cas cela donne envie de se plonger dans cet ouvrage que je n'ai pas encore lu, et cela semble être dans la droite lignée de ce qu'a pu écrire Crétineau-Joly sur l'orléanisme et les Orléans (ouvrage disponible sur le site de la BNF, mais aussi réédité chez Pays & Terroirs).
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Message par V.F.H.78 Mar 17 Nov 2009, 20:38

Vous faites bien de le préciser Mickaelus ; la maison d'édition Pays & Terroirs est spécialisée dans la réédition de nombreux ouvrages historiques.
C'est un peu cher mais les livres sont de qualité.
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Message par Vieux chouan Mar 17 Nov 2009, 22:41

Bravo à tous pour vos connaissances. J'apprends toujours quelque chose en parcourant ce forum.

Merci

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